Pour aider ses clients à comprendre les termes de leurs contrats de licence, SAP tente d’apporter un peu de transparence sur la question à travers une nouvelle démarche baptisée Licensing Transparency Center. Cette approche est pilotée par le réseau Sugen, qui réunit au niveau mondial les responsables de ses différents clubs utilisateurs. L’initiative est déjà lancée en Australie et outre-Manche, auprès des membres du SAUG et du UK & Ireland User Group. A travers ce Centre de transparence sur les licences, les membres qui veulent savoir si leur utilisation des accès indirects correspond aux termes de leur contrat pourront s'adresser à SAP de façon anonyme. Ils soumettront des cas d’usage ou des scénarios à l'éditeur qui leur répondra. La réponse sera plus ou moins détaillée selon le niveau d’information fourni par les utilisateurs. En cas de demande anonyme, la réponse sera générique.

Le procès SAP VS Diageo dans tous les esprits

Les contrats de licences, et en particulier la facturation des accès indirects, a constitué un sujet particulièrement conflictuel entre SAP et ses clients ces derniers mois. Cet affrontement s’est illustré outre-Manche à travers le procès retentissant qui a opposé l’éditeur et le fournisseur d'alcools et spiritueux Diageo. Une cour britannique a jugé que les droits de licence par utilisateurs nommés s’appliquait, même lorsqu’ils étaient liés à des applications qui n’offraient qu’un accès indirect, ou en lecture seule, aux données de SAP. Diageo s’est donc vu condamné à payer 54,5 M£ de droits de licence supplémentaires parce que ses équipes de vente exploitaient leurs applications de CRM Salesforce au-dessus des données de SAP.

En mai dernier, sur sa conférence Sapphire à Orlando, Bill McDermott, le CEO de l'éditeur allemand, a annoncé une modification sur les licences des accès indirects pour que les clients ne soient pas impactés a posteriori pour avoir utilisé des données SAP dans d’autres applications. Il promettait aussi une modernisation de la politique de tarification. Mais de nombreuses entreprises se posent toujours des questions sur des cas particuliers, ou sur la façon dont SAP va interpréter leurs propres accès indirects. La question des audits de licence a notamment été évoquée début octobre sur la Convention annuelle de l'USF, le club des utilisateurs francophones de SAP.

Des clients réticents à questionner leur responsable de compte

Le problème est que la plupart des entreprises et administrations utilisant les solutions de SAP ne savent absolument pas si leurs licences sont correctement établies ou pas, explique Paul Cooper, président du club des utilisateurs britannique et irlandais de SAP (UK & Ireland SAP User Group). En d’autres termes, si l’utilisation qu’ils en font est conforme ou pas aux contrats de licence. Malgré l’assurance de l'éditeur qu’il ne réclamera pas de paiements supplémentaires sur les coûts de maintenance aux organisations qui sont sous facturées, les membres des clubs utilisateurs ont naturellement été réticents à s’en entretenir avec leurs responsables de comptes, admet Paul Cooper. Et on les comprend aisément. Outre-Manche, les membres du club UK & Ireland SAP User Group peuvent donc maintenant soumettre de façon anonymisée des cas d’usage et des scénarios à l’adresse support@sapusers.org.

Une réponse plus spécifique si la demande n'est pas anonyme

La semaine dernière en Australie, le SAP Australian User Group avait déjà évoqué ce nouveau centre de transparence sur les licences. A la suite de Sapphire 2017, l’éditeur a publié le 13 juillet un livre blanc qui n’a pas apporté aux utilisateurs toutes les réponses dont ils avaient besoin. D’autres questions ont été soulevées. « Cette situation n’était pas unique à l’Australie et nous avons demandé à SAP d’envisager de permettre à tous les clients d’obtenir des réponses à leurs interrogations sur l’utilisation indirecte », indique sur son site le SAUG.

D'où l'initiative de Centre de transparence sur les licences auquel les clients pourront adresser les questions qu’ils ne souhaitent pas aborder avec leur responsable de comptes SAP (ce dernier restant sinon leur 1er contact désigné avec l’éditeur). Si l'anonymat est de mise, d'autres entreprises préféreront peut-être mentionner leur nom pour obtenir des informations complémentaires. « La réponse sera plus spécifique et, si nécessaire, adaptée à votre compte », explique le club australien.

Interrogé sur le sujet par la rédaction de LMI, le club USF n'avait pas encore communiqué sa réponse au moment de la publication.