Bill McDermott, le CEO de l’éditeur de logiciels d’entreprise SAP, faisait hier partie des 140 dirigeants de groupes internationaux invités à Versailles par le président de la République Française, dans le cadre du sommet « Choose France ». L’objectif du chef de l’Etat étant d’inciter les grandes entreprises étrangères à investir en France, l’éditeur allemand a abondé dans son sens en annonçant qu’il prévoyait de dépenser sur l’ensemble de ses opérations plus de 2 milliards d’euros sur 5 ans dans l'hexagone. La partie qu'il investira dans la recherche et développement équivaudra à 150 millions d’euros par an sur les 5 prochaines années. L’accélération de sa stratégie numérique va notamment s’appuyer sur le centre d’innovation consacrée à son offre Leonardo au sein du siège francilien de sa filiale, à Levallois-Perret. Leonardo regroupe les technologies développées par SAP autour du SaaS, de l’analytique, de l’intelligence artificielle, de l’Internet des objets et de la blockchain. L’éditeur allemand a l’intention d’étendre de façon significative l’écosystème basé sur ces technologies et, dans cet objectif, d’investir dans des start-ups, notamment françaises, qui développent des solutions complétant l'offre Leonardo. SAP dit vouloir « favoriser une collaboration rapide et à l’échelle mondiale ».

SAP a précisé qu’à travers l’ouverture d’un 2ème fonds SAP.iO Foundry en Europe, une cinquantaine de start-ups vont bénéficier de mentorat, de technologies et pouvoir accéder à son écosystème. Des investissements d’amorçage ou de série A seront également faits dans des start-ups françaises. Une première acquisition vient concrétiser cette déclaration d’intention, celle de la start-up parisienne Recast.AI et de sa plateforme collaborative permettant à des développeurs de bâtir, déployer et monitorer des robots de conversation. Le montant de la transaction n’a pas été communiqué. 

Interagir en langage naturel avec les logiciels SAP

SAP dit avoir racheté Recast.AI pour accélérer le développement des capacités d’apprentissage machine fournies par Leonardo. Créée il y a deux ans, dans le cadre de l’école de programmation 42 lancée par Xavier Niel, la start-up française a pris ses quartiers sur le campus de Station F. Elle a conçu des algorithmes de compréhension du langage naturel. Les data scientists et ingénieurs de sa R&D vont maintenant travailler avec les équipes de SAP spécialisées dans l’apprentissage machine.

SAP dit vouloir utiliser les échanges en langage naturel pour simplifier les interactions et les processus métiers complexes. Il a déjà développé l’assistant numérique CoPilot et dispose de son propre environnement pour construire des chatbots. Des flux de conversation peuvent être mis en place en chaînant des processus à travers son expérience utilisateur Fiori et les services de back-end de son ERP.

De son côté, la start-up française Recast.AI a déjà collaboré avec Engie, EDF, Europ Assistance, SNCF Transilien, Desjardins ou SFR, ainsi qu’avec des banques et compagnies d’assurance. Parmi ses partenaires figurent des éditeurs comme Craft ai, Salesforce, Slack ou Cisco. Sa technologie est par exemple déjà intégrée avec Salesforce ou Zendesk pour ajouter un bot de conversation au sein d’un support client en ligne.