Dans son discours inaugural de la conférence annuelle Sapphire Now 2020 organisée en ligne, pour cause de Covid, le CEO voulait donner une leçon claire aux clients de SAP en déclarant : « Quand vous transférez des processus critiques vers le cloud, vous devez choisir un partenaire fiable ». Autant dire que SAP n’a pas suivi ce conseil. En effet, juste au moment où Christian Klein devait monter sur la scène pour cette session virtuelle, la plateforme d'événements en ligne externalisée est tombée en panne. L'entreprise a dû faire des pieds et des mains pour rediriger les 150 000 clients qui essayaient de voir le discours d'ouverture vers des flux de sauvegarde diffusés en streaming sur LinkedIn ou Twitter.

Le lendemain, M. Klein a déclaré aux journalistes qu'il y avait eu « quelques problèmes techniques » dans la présentation virtuelle et les sessions de conférence suivantes, qui étaient inaccessibles jusqu'à la fin de la semaine. « Il y a clairement une décision que je regrette déjà : externaliser notre plateforme à un fournisseur tiers », a-t-il déclaré. « Vous devez vous assurer que la plate-forme technique fonctionne ». « Les propres systèmes de SAP ont été entrecoupés d’interruptions », a encore déclaré M. Klein, mais l'incident a montré de manière magistrale l'importance que pouvait avoir la plate-forme sur laquelle étaient construites les applications. C'était également l'un des messages du discours de M. Klein, pour ceux qui ont pu le voir.

Voici un résumé des thèmes clés abordés pendant la semaine de l’événement.

Une plate-forme commune, mais pas de base de code commune

SAP a rassemblé quatre groupes de son portefeuille produits - analyse, gestion des données, développement d'applications et technologies intelligentes - sous le nom de Business Technology Platform. Celle-ci offre un modèle de données commun et une signature unique pour de nombreuses applications proposées par SAP - mais pas de base de code commune. « Il n'est pas important que les applications cloud soient toutes écrites dans le même langage de programmation », a déclaré M. Klein aux journalistes. « L’important, c'est qu'elles utilisent toutes le même modèle de données, les mêmes services commerciaux, ... la même expérience utilisateur ». Toutes les applications principales de SAP fonctionnant sur sa base de données in-memory HANA, l’éditeur se concentre désormais sur l'intégration des processus métiers qu'elles desservent. « SAP a déjà atteint 50 % de ses objectifs d'intégration et elle sera achevée à 90 % d'ici la fin de l'année », a déclaré M. Klein dans son discours d'ouverture.

Comptabiliser l'empreinte carbone

Selon M. Klein, « l'un des plus grands défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui est celui du changement climatique ». « Quoi que vous pensiez de la science du climat, partout dans le monde les gouvernements taxent les émissions de carbone, c’est pourquoi, les entreprises qui peuvent réduire au minimum leur empreinte carbone à tous les niveaux de leur chaîne d'approvisionnement bénéficieront d’un avantage concurrentiel. SAP y travaille en interne. Dès mai 2017, SAP s’était engagée à atteindre la neutralité carbone avant 2025. L’entreprise dispose d’un outil que d'autres entreprises peuvent utiliser pour gérer les émissions de carbone de leurs propres chaînes d'approvisionnement. L'analyse de l'empreinte carbone des produits SAP s'appuie sur des informations déjà récoltées par les systèmes SAP, comme la consommation d'énergie, les nomenclatures et autres données d'approvisionnement, mais aussi sur des sources de données tierces. Doehler, un fournisseur d'ingrédients pour l'industrie alimentaire et des boissons, est le premier client de SAP à utiliser cet outil.

Cloud industriel

Lors de cette keynote, M. Klein a également fait le point sur le cloud industriel de SAP, une série de solutions conçues pour des marchés verticaux spécifiques - les produits grand public ou l'automobile, par exemple – basées sur la plateforme SAP Cloud Platform. Ces solutions se connectent aux autres éléments de la Business Technology Platform de SAP à l'aide d'un ensemble d'API publiées et fonctionnent soit sur l'infrastructure de SAP, soit sur celle de l’un des hyperscalers que sont Amazon Web Services, Microsoft Azure ou Google Cloud Platform. La première présentation du cloud industriel date de 2014. A l’époque, SAP prévoyait d'étendre à terme son cloud industriel aux 25 secteurs qu'elle dessert. M. Klein reconnaît aujourd'hui que SAP ne fera pas cela tout seul, mais qu'il travaillera plutôt avec des partenaires pour fournir des solutions dans certains secteurs.

Intelligence émotionnelle (IE)

SAP avait beaucoup à dire sur la mesure de l'expérience dans les mois qui ont suivi le rachat, en novembre 2018, de Qualtrics pour 8 milliards de dollars, mais c’était moins le cas lors de cette édition Sapphire Now 2020. Qualtrics était sous la responsabilité de Jennifer Morgan avant qu'elle ne devienne - pour six mois seulement - le CEO adjoint de SAP aux côtés de Christian Klein. S’il en a fait état en passant dans son discours d’ouverture, M. Klein a ensuite déclaré aux journalistes que la mention plus discrète de Qualtrics était due au fait qu'elle était désormais intégrée à l'ensemble du portefeuille de SAP, notamment dans son outil de gestion du personnel SuccessFactors. Cet outil permet aux entreprises de suivre les émotions de leur personnel, depuis leur recrutement jusqu’à leur intégration et tout au long de leur période de travail. « C'est un pilier fondamental, l'un des plus stratégiques que nous ayons dans notre portefeuille », a encore déclaré M. Klein, ajoutant qu’il enrichissait l'entreprise intelligente d’un élément émotionnel.