Engagée dans une profonde transformation de ses activités pour mieux répondre aux besoins des pays et des entreprises, Schneider Electric entend accélérer la convergence entre alimentation d’énergie et numérique. C’est en tout cas le principal message asséné par Jean-Pascal Tricoire, PDG de Schneider Electric : « L’électricité n’est pas le passé, et le numérique l’avenir. Les deux sont liés pour améliorer l’efficience énergétique ». Site pilote du fournisseur en matière de transformation numérique, l’usine de Vaudreuil, créée en 1975, en Normandie, a reçu le label Vitrine Industrie du Futur par l’AIF (Alliance pour l’Industrie du Futur). Cette usine expérimente l’apport du numérique pour optimiser la chaine de production avec par exemple des capteurs de CO2 pour ajuster le renouvellement de l’air et économiser l’énergie dédiée au chauffage. 

« Nous voyons aujourd’hui les choses s’accélérer, il est donc très important pour Schneider de développer les technologies capables de répondre à la demande », a poursuivi le dirigeant lors de son événement Schneider Summit organisé à Paris, porte de Versailles, les 4 et 5 avril. Les analystes s’attendent par exemple que le solaire deviennent moins cher que les énergies fossiles en 2030, que l’industrie IT devienne le plus gros consommateur d’énergie et enfin que les véhicules électriques remplacent les automobiles à essence autour de cette même date. Des changements profonds sont donc à attendre dans la consommation d’une énergie électrique très centralisée avec la menace de pénurie dans certaines régions du monde. Mais le développement du grid et donc de la gestion décentralisation de la production d’énergie grâce à l’apport du numérique devrait permettre de passer sans encombre cette délicate étape. Les fermes d’éoliennes gérées par les SICAE (sociétés d'intérêt collectif agricole d'électricité) produisent déjà 120 MW couplées à un grid bénéficiant de capacités analytiques avancées pour estimer la production d’électricité en fonction des conditions météorologiques et des arrêts programmés pour la maintenance.

Cap sur l'edge computing

Autre cheval de bataille de Schneider Electric, le développement de l’edge computing pour le traitement local des données afin de bénéficier d’une latence réduite et d’une bande passante réseau importante et continue. « Après un grand mouvement vers le cloud, l’IT revient aujourd’hui vers l’edge computing qui permet une meilleure réactivité. Personne ne veut dépendre des communications vers le cloud pour gérer ses machines critiques », a souligné le PDG lors de sa keynote à Paris. « Nous voyons apparaître sur le marché français des demandes en edge computing avec l’explosion des données collectées dans l’IoT et de nouveaux usages », nous a expliqué Jean-Baptiste Plagne, vice-président en charge de la division IT de Schneider Electric France. Dans le domaine de la santé par exemple avec les chirurgiens qui utilisent beaucoup de données collectées dans le cloud mais également en local.

Renforcé et sécurisé, le SmartBunker de Schneider Electric répond aux besoins des environnements sensibles. (Crédit S.L.)

La rénovation des datacenters se poursuit pour répondre aux besoins des métiers de la santé mais également de l’industrie avec des usines (MtoM) bénéficiant de clouds privés locaux. « Le paysage devient hybride avec des clouds centraux particulièrement attractifs pour les entreprises et des datacenters locaux pour bénéficier d’une latence réduite et d’une large bande passante plus large dans des clouds locaux », nous a indiqué le responsable France. Précisons que dans l’Hexagone, l’adoption du cloud public a été plus lente que dans les pays du Nord et que les datacenters - en propre ou soustraités par des opérateurs spécialisés - n’ont jamais été délaissés. On assiste simplement aujourd’hui à une rénovation de ces derniers avec une plus grande densité dans les armoires et une meilleure efficience énergétique aux m2 occupés. Schneider pousse aussi ses microdatacenters, classiques mais aussi sécurités avec la version SmartBunker destinée aux usines et aux environnement sensibles (soumis des contraintes industrielles).

Le luxe et la restauration rapide clients des microdatacenters

Un spécialiste de la restauration rapide a par exemple installé 700 microdatacenters dans ses franchises brésiliennes pour fournir l’ossature informatique nécessaires aux commandes enregistrées par les bornes interactives et les tablettes tactiles disséminées dans ses restaurants. La grande distribution est également particulièrement férue de ces microdatacenters pour équiper des sites dispersées. L’industrie du luxe française – un célébre maroquinier - a également jeté son dévolu sur ces serveurs sur roulettes pour équiper ses usines. Et pour faciliter le déploiement et la gestion de ces minicentres de calcul, Schneider Electric propose un configurateur de hardware pour optimiser l’espace disponible avec les équipements de ses partenaires (Dell, HPE…) et une application cloud baptisée Ecostruxure IT Advisor associée si besoin à des services managés pour superviser 24h/7 les installations informatiques de ses clients. « Le client peut gérer lui même son datacenter ou déléguer cette tâche à Schneider Electric qui exploite des outils analytiques et prédictifs reposant sur du machine learning pour gérer les alertes et anticiper les problèmes ». La plateforme cloud et les outils analytiques reposent sur Microsoft Azure.