La robotisation et l'automatisation des activités et des tâches est-elle obligatoirement synonyme de destruction d'emplois ? Vaste question à laquelle France Stratégie, commissariat général à la stratégie et à la prospective rattaché au Premier Ministre, a apporté quelques éléments de réponse dans une note rendue publique ce matin. « L’analyse du passé récent montre que les emplois a priori peu automatisables - parce qu’ils nécessitent des interactions sociales, de l’adaptabilité, de la flexibilité ou de la capacité à résoudre des problèmes — sont de plus en plus nombreux en France », peut-on lire dans la note de France Stratégie. Alors que 15% des emplois salariés qualifiés comme étant facilement automatisables ont été identifiés, 40% apparaissent au contraire comme « a priori » peu automatisables. Une proportion d'emplois peu automatisables qui a par ailleurs augmenté de plus de 30 points depuis 1998, une hausse imputable à la place croissante des services dans l'économie mais aussi et surtout, explique France Stratégie, à une transformation du contenu des métiers qui se recentre sur les tâches les moins automatisables.

De là à dire que l'on est arrivé au bout des conséquences de l'automatisation et/ou de la robotisation en termes de destruction d'emplois, il n'y a qu'un pas que l'organisme public se garde bien de franchir. Tout en ne manquant pas cependant de souligner que « malgré des développements technologiques importants et alors qu'ils sont techniquement automatisables, le nombre d'emplois de caissiers en France n'a diminué que d'environ 10% en dix ans passant de 205 000 à 185 000. » Et France Stratégie de prendre comme autre exemple celui de l'industrie allemande en indiquant que, bien qu'étant l'une des plus robotisées au monde, cette dernière emploie dans le même temps 100 000 salariés de plus qu'il y a 20 ans.

Vers une mutation durable des emplois face à l'automatisation et à la robotisation

Automatisation et robotisation ne serait donc pas synonyme obligatoirement de destruction d'emplois. Au contraire même puisque ces évolutions sont propices à en créer, dans la R&D, la conception, la  production, la commercialisation ou encore la maintenance d'automates. « En France, les ingénieurs informatiques et des télécoms sont actuellement 310 000 de plus qu’au début des années 1980, alors que la baisse du nombre d’emplois de secrétaire a débuté au milieu des années 1990 avec le déploiement de l’informatique », explique France Stratégie.

Au-delà de la destruction et/ou de la création d'emplois, automatisation et robotisation des tâches impliquerait quoi qu'il en soit une transformation des métiers. « La révolution numérique détruit certains emplois, mais surtout elle transforme les métiers », indique France Stratégie. « L’automatisation de l’emploi ne se résume pas qu’à une question technologique [...] D’autres facteurs influencent donc le déploiement des robots et automates, comme le mode d’organisation du travail, l’acceptabilité sociale et la rentabilité économique. » La note de France Stratégie ne précise pas toutefois si tous ces facteurs seront un jour réunis, mais si cela devait être le cas, nul doute que le visage de cette société automatisée et robotisée à outrance serait bien loin de celle que l'on connaît aujourd'hui où les échanges humains ont encore, malgré tout, leur place.