Exode massif ou simple vaguelette de départ ? La question peut se poser après l’annonce la semaine dernière de WhatsApp de changer sa politique de partage de données. A compter du 8 février 2021, WhatsApp met à jour les termes de son service ainsi que ses règles relatives à la vie privée, et les utilisateurs qui ne les accepteraient pas se retrouveraient tout simplement dans l'incapacité d'utiliser l'application. Face à ce changement à la hussarde, plusieurs personnes dont Elon Musk, Edward Snowden et Jack Dorsey ont appelé à abandonner WhatsApp pour un autre service de messagerie et notamment Signal.

Le service de messagerie chiffré open source, qui revendiquait en février 10 millions de téléchargement, s'est rapidement retrouvé débordé par un afflux de demande de création de comptes causant d'inhabituels délais de réception des codes de vérification d'activation. Pendant le week-end, le nombre d’inscription continuait à augmenter au point que Signal précisait dans un tweet, « nous continuons à battre des records de trafic et à augmenter la capacité, alors que de plus en plus de gens se rendent compte à quel point ils n'aiment pas les récentes conditions de Facebook. Si vous n'avez pas pu créer un groupe récemment, veuillez réessayer. De nouveaux serveurs sont prêts à vous servir ». Cette hausse rapide des inscrits a eu un effet immédiat sur la popularité du service au sein de l’AppStore et de Google Pay en prenant la tête du classement du téléchargement des applications.

Les autres alternatives à WhatsApp

Si Signal suscite un intérêt marqué, d’autre services de messagerie sécurisée peuvent profiter de l’affaire WhatsApp. En premier lieu, il y a Telegram qui a vu le nombre de téléchargement augmenter sensiblement depuis la fin de semaine dernière. Pavel Durov, son fondateur et CEO, a expliqué dans un blog, « J'ai entendu dire que Facebook a un département entier qui se consacre à comprendre pourquoi Telegram est si populaire » et d’ajouter « je suis ravi de faire économiser des dizaines de millions de dollars à Facebook en lui disant que le secret est le respect des utilisateurs ».

Et si vous passiez par des solutions made in France. Loin du tumulte de WhatsApp, il existe des services hexagonaux de messagerie sécurisée. La première est Olvid. La start-up propose une solution avec un système d'échange de clé (via 4 chiffres) pour chaque utilisateur et promet le développement d'autres services prochainement. Parmi les autres solutions françaises, citons Skred, proposée par le groupe Skyrock et son PDG Pierre Bellanger. Elle a été développée avec l’aide de l’Inria et revendique aujourd’hui 8 millions d’utilisateurs. Enfin, n’oublions pas la messagerie sécurisée de l’Etat Français, Tchap. Après un retard à l’allumage, le projet développé à l’époque par la Dinsic s’installe dans plusieurs administrations notamment l’armée.

Reste maintenant à savoir si face au 2 milliards d’abonnés de WhatsApp, les messageries alternatives vont réellement peser. Si elles vont bénéficier d’un effet d’aubaine face au changement politique de la filiale de Facebook, il est peu probable que l’on assiste à un renversement des positions.