IBM a demandé à la société Voltaire de concevoir un commutateur InfiniBand quad-rate (QDR) qui atteint donc un débit de 40 Gbit/s, pour ses serveurs lames BladeCenter. Le produit est attendu pour l'été. Il se chuchote que ce commutateur Infiniband 40 Gbit/s pourrait être commercialisé seulement 20% plus cher qu'un modèle 20 Gbit/s (DDR - Double-data rate). Autrement dit, avec un rapport prix/performance très avantageux par rapport à des technologies comme le 10 Gigabit Ethernet ou le Fibre Channel 4 Gbit. Le choix de Voltaire par IBM est lourd de sens. Big Blue a préféré retenir ce petit fournisseur (66,6 M$ de CA en 2008, +16%), né sur le marché de niche des supercalculateurs. Celui-ci sera sans doute plus prompt à répondre à ses requêtes qu'un grand fournisseur comme Cisco dont IBM commence à déréférencer certains produits Fibre Channel et Infiniband. HP, Sun, Rackable Systems et Silicon Graphics sont aussi clients de Voltaire. 50% des coûts d'un datacenter proviennent du réseau Ce dernier, comme d'autres sociétés telles que Xsigo ou BNT (Blade Network Technologies) ou même Brocade ou QLogic pourraient profiter des déplacements de frontières auquel on assiste dans les datacenters. Plusieurs facteurs viennent, simultanément, chambouler l'équilibre des forces entre fournisseurs de serveurs, d'équipements réseau et de stockage. Tout d'abord, les architectures propriétaires des serveurs lames poussent à l'intégration de composants d'interface réseau et stockage qui, par définition, ne peuvent plus être standardisés. HP, IBM et dans une moindre mesure, Dell redécouvrent les avantages financiers qu'il y a à retenir les clients dans des architectures fermées. Ils en profitent par ailleurs pour prendre leur distance avec Cisco et tenter de reprendre ce qu'ils lui avaient confié. L'enjeu est de taille puisque la part des réseaux dans le coût d'un datacenter est passée de 25%, il y a trois ans à 50% aujourd'hui. Cette montée en puissance s'accompagne d'une tendance à l'uniformisation autour du protocole IP, tant pour les réseaux que pour le stockage. Ensuite, la virtualisation, dont l'onde de choc s'étend sur toute l'infrastructure, entraîne une redistribution des cartes, de fond en comble. Tous les projets de virtualisation de serveurs se heurtent au problème de la très forte sollicitation qu'ils engendrent sur les entrées/sorties. Diviser par deux, voire trois, le nombre de serveurs revient à menacer de saturation les entrées/sorties de ceux qui restent. En dissociant le matériel du logiciel, la virtualisation fait aussi disparaître les "boîtes noires" qui verrouillent les architectures réseau. Dans ce contexte, on comprend pourquoi IBM choisi un fournisseur comme Voltaire qui dépend totalement de lui pour vendre sa technologie. On comprend aussi pourquoi Cisco travaille étroitement avec VMware pour développer des logiciels de commutation virtuelle et se prépare à proposer ses propres serveurs. On attend l'annonce du premier système, le Nexus 1000V à VMworld Europe la semaine prochaine.