Le pionnier des stations de travail et des serveurs Unix, Silicon Graphics, cherche une issue à ses difficultés financières. Lui, qui accumulait les pertes depuis plusieurs années, vient finalement de se placer sous la protection de la loi américaine sur les faillites, le « chapitre 11 ». L'industriel entend profiter de cette protection pour réduire sa dette d'environ 250 M$ en six mois. Ce n'est pas à proprement parler une surprise. L'an passé SGI avait déjà mis en garde contre un probable dépôt de bilan après la publication de résultats catastrophiques. En effet, Silicon Graphics a enregistré une perte opérationnelle de 28 M$ pour un chiffre d'affaires de 144 M$ au cours du dernier trimestre 2005. Une perte opérationnelle du même ordre avait déjà été enregistrée au cours du trimestre précédent. En mars dernier, SGI a engagé une politique de restructuration qui n'a visiblement pas suffi à redresser la situation : Silicon Graphics avait alors annoncé le licenciement de 250 salariés, soit 12% de ses effectifs, dans le but d'économiser 150 M$ par an à partir de la fin 2006. A cette annonce s'est ajoutée celle de la démission de Jeff Zellmer, directeur financier, et de Warren Pratt, directeur opérationnel. Aucun des deux n'a pour l'heure été remplacé. Ces deux départs ont fait suite à la nomination d'un nouveau PDG, Dennis McKenna. Selon Charles King, analyste chez Pund-IT, les mauvais résultats de Silicon Graphics sont en partie imputables au lent décollage du processeur Itanium d'Intel, d'une part, et à la concurrence accrue d'autres constructeurs, d'autre part. Selon lui, SGI pourrait même faire une proie de choix pour Hewlett-Packard qui a retenu Itanium pour ses systèmes haut de gamme et gagnerait à attirer les clients de renom de Silicon Graphics. Il reste désormais à voir si la période de redressement judiciaire permettra à l'entreprise de refaire surface, à défaut de renouer avec sa gloire passée.