Depuis le tournage des Blues Brothers, la justice de l'Illinois ne semble pas avoir trop changé. A la seule différence que, cette fois, il s'agit de la réalité : Spamhaus, LE seul organe britannique de lutte contre le spam véritablement efficace, vient de tomber sous les coups de boutoir de la justice américaine, à force de procès engagés par les « diffuseurs de courriels de prospection commerciale qui ne sont pas des spams ». Tout d'abord condamné à 11 millions de dollars - les manques à gagner grimpent vite, dans le domaine de la diffusion gratuite de publicité payante-, les administrateurs de Spamhaus se sont ensuite vus menacés par voie de justice d'abandonner leur nom de domaine. Demande a en effet été envoyée à l'Icann afin que soit rayé des DNS Spamhaus.org. Demande rejetée depuis, comme le remarque l'oeuil de Lynx de Marc Rees, dans les colonnes de PC Inpact « Si nous disparaissons, disparaît avec nous le dernier rempart tentant au moins de limiter les ravages du spam », avertissent en substance les responsables de Spamhaus.« Après nous, le déluge, et un déluge que l'on peut estimer à plus de 50 milliards de spams émis chaque jour.». Propos repris notamment par le très néolibéral USA Today. Il y a de fortes chances, hélas, pour que plus jamais la voix de Spamhaus ne résonne encore sur Internet. La faute à une justice US corrompue par la pression des lobbies du spam ? L'explication serait un peut trop simple. Un juge ne rend son verdict qu'en fonction des outils que lui donnent les textes, textes qui sont votés par des sénateurs, donc des politiques. La disparition de Spamhaus semble être la conjonction de plusieurs facteurs. Notamment d'une mauvaise défense, comme l'explique un « Maître Eolas local » dans les colonnes du Securiteam. La faute surtout au Sénat Américain qui a fait passer la loi CanSpam, de type « opt out ». La faute également aux industriels américains, Monsieur William Gates en tête, qui ont supporté et approuvé les textes en faveur d'un non-contrôle du spam, alors que des lois d'Etat, Californiennes notamment, avaient prouvé que des mesures plus strictes telles que les mécanismes « Opt In » pouvaient s'avérer efficaces. L'Europe, pouvons-nous nous féliciter, interdit bien entendu ce sinistre « opt out ». Mais la majorité des spammers sont hébergés aux Etats-Unis, en Europe de l'Est, parfois même en Afrique, et de plus en plus en Extrême-Orient. Au moins, nous l'avons, notre Ligne Maginot anti-pourriel. Reste que les divisions de panzer pro-viagra passent chaque jour par les Ardennes virtuelles des flux numériques trans-frontière. Un décret, même Européen, ne parviendra jamais à filtrer efficacement un backbone. A moins que les intérêts privés que quelques éditeurs soient hypothétiquement en danger.