Marc Benioff, le bouillant fondateur de Salesforce.com, était à Paris ce mardi 5 avril sur Cloudforce 2011 (au Cnit de La Défense) où 1 500 personnes s'étaient inscrites. Peu avare de formules comme à son habitude, lui qui est depuis des mois passé au « cloud 2 », mobile et social, il rappelle que sa mission est rien moins que de « mener, fédérer et promouvoir le cloud » et changer les choses dans l'industrie IT. Précurseur, s'il en est, de ces technologies, il s'est plu à rappeler qu'il y a dix ans, il n'avait guère attiré sur ce thème qu'une poignée de personnes lorsqu'il avait présenté en France son application de gestion de la relation client (CRM) en ligne. On ne parlait alors ni de cloud, ni de SaaS, bien sûr, et pourtant il s'agissait bien de cela, déjà. Aujourd'hui, sa société compte 92 300 clients « payants », insiste-t-il, et vise les 2 milliards de dollars de chiffre d'affaires sur son exercice en cours (qui s'achèvera fin janvier 2012) contre 1,66 Md$ l'an dernier.

A l'heure d'un Facebook qui réunit 500 millions d'utilisateurs et d'un Twitter qui en draine 300 000 par jour, Marc Benioff affirme n'avoir « jamais vu un tel niveau d'innovation et d'enthousiasme dans notre industrie ». Sur son propre réseau social, Chatter, Salesforce.com compte maintenant 80 000 clients actifs qui affirment recevoir ainsi moins d'emails (-32%) et se réunir moins souvent (près d'un tiers de réunions en moins). La mobilité est conjuguée à tous les niveaux et les démonstrations de ce matin se sont déroulées sur diverses tablettes et smartphones, de l'iPad 2 au Venue Pro sous Windows Phone 7 de Dell, en passant par les Blackberry et terminaux sous Android. Adoubé par Marc Benioff, Loïc Le Meur, fondateur de Seesmic (agrégation de réseaux sociaux), expliquera plus tard comment il a intégré Chatter sur Windows Phone 7 en quatre semaines, sans même se rapprocher des équipes de Salesforce.com, les API Rest de Salesforce étant très proches de celles de Twitter et de Facebook.

Marc Benioff et Loïc Le Meur
Marc Benioff et Loïc Le Meur (cliquer ici pour agrandir l'image)

Pour développer dans le cloud, de Java à Ruby

Sur le mode humoristique, Marc Benioff a invité l'assistance à se méfier des faux clouds qui ne sont pas multitenants et qui n'apportent aucune efficacité, aucune liberté, aucune économie et ne respectent pas l'environnement(*). « Actuellement, tout le monde dit « nous sommes le cloud » alors qu'ils se contentent de présenter un rack. La virtualisation, ce n'est pas non plus le cloud. » C'est une antienne qu'il reprend souvent. Du côté des outils de développement dans le cloud, Salesforce.com met désormais en avant, outre Appforce pour ses applications internes et Siteforce pour les sites web, l'environnement VMforce pour concevoir des applications Java d'entreprise à proposer comme un service, et Heroku pour les applications Ruby. « L'approche est de vous donner accès à n'importe quel langage pour développer rapidement », en écrivant le code, testant, configurant, déployant dans le cloud. Il prévoit d'offrir davantage de langages à l'avenir. Son argument est de pouvoir créer des applications cinq fois plus vite pour un coût divisé par deux. Un argument qui, bien sûr, ne vaut pas pour tous les types d'application, lui fera-t-on justement remarquer un peu plus tard lors d'une session de questions-réponses.

Illustration d'ouverture : Marc Benioff, PDG de Salesforce.com, ce matin sur Cloudforce 2011 (au Cnit de la Défense) - Crédit : M.G.
(*) A l'occasion de la conférence de Davos, Marc Benioff dit avoir demandé à Craig Mundie, responsable de la recherche et de la stratégie de Microsoft, combien de serveurs les clients de Salesforce.com auraient dû installer s'ils n'avaient pas opté pour le SaaS. Un million de serveurs, aurait-il répondu, alors que Marc Benioff dit n'en utiliser 2 000 dans ses datacenters. Ce qui le conduit à affirmer que ses solutions sont 95% plus efficace que le logiciel traditionnel si l'on se penche sur la quantité de CO2 dégagée par transaction. Du côté de la consommation énergétique, Salesforce.com se dit 64% moins gourmand qu'un cloud privé.


Démonstration sur Cloudforce 2011
Dans cette démonstration, présentée par Jean-Louis Baffier, directeur avant-ventes Europe du Sud de Salesforce.com, on voit le fil Chatter intégré à l'application de gestion des ventes.