Bien implanté en France avec des clients comme l’Unesco (siège parisien et succursales pour un back-up centralisé), l’Agence de l’eau Adour-Garonne ou le centre hospitalier Michel Pernet à Tullins (NAS FS64000), et un grand nombre de TPE et PME, Synology a connu une activité soutenue au premier semestre 2021. Et le second semestre sera lui aussi intense avec l’arrivée de DSM 7.0, son OS maison sur base Linux, sur ses NAS, ainsi que le développement de services cloud pour générer des revenus récurrents.

En version bêta depuis plusieurs mois, l’évolution majeure de l’OS de Synology est attendue le 29 juin prochain en version de production avec la déclinaison 7.0 de DSM. Cette dernière est compatible avec tous les NAS du fournisseur à partir du modèle DSx13 et supérieur. Les anciens serveurs de fichiers resteront donc sur DSM 6.2.4, qui bénéficiera toujours de mises à jour de sécurité. DSM 7.0 inaugure une interface graphique revue, largement inspirée de MacOS, et bénéficie d’améliorations comme la reconstruction automatique d’un noeud RAID lorsqu’un disque dur ou un SSD est remplacé, la bascule sur un lecteur disponible quand un disque dur se montre défectueux, une reconstruction un peu plus rapide des volumes RAID et enfin une meilleure gestion des SSD NVMe (Cache Advisor) dans un système hybride. D’autres points ont aussi été revus comme un meilleur support des protocoles SMB et NFS et du système de fichiers Btrfs. Précisons que l’installation de DSM 7.0 ne sera pas proposée automatiquement par le système de mise à jour, il sera nécessaire de le télécharger manuellement pour l’installer sur un NAS compatible. 

Comme ses concurrents du marché entreprise, Synology propose à son tour des tableaus analytiques. (Crédit Synology)

4 services pour DSM avec C2

En complément, le fournisseur taïwanais poursuit le développement des services cloud pour DSM 7.0 autour de sa plateforme de stockage en ligne C2, qui repose sur des datacenters à Francfort, Seattle et Taiwan exploités en propre sans sous-traiter aucune responsabilité à un tiers. Jusqu’à présent très modeste, C2 s’étoffe avec l’arrivée de quatre solutions : Active Insight, Secure Signin, Hybride Share et Peta Volume. La surveillance en temps réel des baies de stockage s’affine avec Active Insight qui reprend des fonctionnalités analytiques en mode SaaS. La collecte des informations alimente un outil analytique capable de fournir des recommandations pour maintenir un fonctionnement optimal (volume disponible, défaillance des composants, assistance mieux informée…). Rien de bien nouveau dans le petit monde du stockage, Nimble Storage avait développé dès 2014 une solution de ce type (Infosight) pour ses baies de stockage. Cette technologie, qui permet de remonter de précieuses informations aux fournisseurs, descend aujourd’hui en gamme avec Synology. 

Pour simplifier la connexion des administrateurs et des utilisateurs à ses NAS et services, Synology met en avant Secure Signin, qui repose sur une app avec double authentification pour valider un accès. Une très bonne idée quand on sait combien les attaques sont fréquentes pour forcer les mots de passe sur les systèmes Synology. Autre service, Hybride Share accompagne le développement du stockage en mode local et cloud. Le taïwanais propose ici de simplifier la synchronisation entre des ressources NAS et son cloud C2 pour assurer une résilience des données ou accélérer l’utilisation des fichiers les plus demandés avec un cache local. Hybride Share peut également assurer un PRA (99,9% de disponibilité) avec une synchronisation multisite et une restauration sur un NAS. Le PRA permet aussi de démarrer un NAS pour monter un volume Hybride Share C2 sur ce dernier afin de pallier à une panne matérielle, un vol ou un incendie. Pour accompagner la croissance des données chez ses clients et dépasser la limite des 200 To sur ses NAS, le fournisseur met en avant Peta Volume pour arriver à dépasser le Po en agrégeant les ressources de ses systèmes. Rappelons qu’en fonction des modèles  de NAS Synology, la limite de la taille maximale d’un volume est de 16, 108 ou 200 To.

C2 s’étoffe avec l’arrivée de quatre solutions : Active Insight, Secure Signin, Hybride Share et Peta Volume. (Crédit Synology)

Authentification en local ou via Internet

Pour accompagner ces services en ligne, le fournisseur a également renforcé sa plateforme cloud C2 avec Back-up, Identity, Transfer et Password. C2 Back-up propose une sauvegarde des plateformes Windows 7/8/10, Windows Server 2008/2012/2016/2019, Office365 (fin 2021) et MacOS (en 2022) avec un chiffrement AES-256 vers ses datacenters (Francfort et Seattle). Les tarifs ne sont toutefois guère compétitifs : offre Personnel à 30€ à l’année pour 300 Go et 100€ pour 2 To et un nombre illimité de machines, et une formule Business à 500€ l’année avec 5 To (+100€ par To supplémentaire) pour un nombre illimité de machines. Comptez 83$ chez Carbonite pour l’offre de base avec stockage illimité et 60$ par an chez Backblaze également avec stockage illimité. Plus intéressant, C2 Identity vient aider les administrateurs dans la gestion des comptes utilisateurs avec un serveur edge LDAP en local (dans une VM ou un container) pour palier au problème de connexion Internet. Ainsi, il est possible d’accéder au service d’authentification même sans accès Internet. Le service est gratuit jusqu’à 10 appareils avec un serveur edge, et passe à 20€ par utilisateur et par an au-dessus.

Pour le transfert de données sensibles, Synology vient concurrencer les solutions du marché avec C2 Transfer qui valide avec un email la réception de fichiers avec ou sans filigrane. Le tarif est ici de 100€ par an avec un utilisateur et de 500€ par an pour 5 utilisateurs (+70€ pour un supplémentaire). Enfin C2 Password vient assurer la gestion des mots de passe et la conservation d’informations sensibles (cartes bancaires, numéro de sécu…) dans un coffre-fort virtuel avec chiffrement de bout en bout. Le service de base est gratuit avec une capacité de 100 Mo pour les mots de passe et 100 Mo également pour le stockage des données sensibles. La version pro monte à 15 et 5 Go au prix de 20€ par an. 

Des tarifs trop élevés

Avec toutes ces annonces, on comprend que Synology cherche à développer des revenus récurrents avec ses services étroitement associés à ses NAS. Reste que le prix des abonnements nous parait élevé et la seule justification d’étaler les paiements en mode Opex (location opérationnelle) insuffisante. « Chaque service C2 aura un abonnement dédié. C2 Storage sera disponible pour Hyper Backup & Hybrid Share. Il sera possible d'avoir une cotation sur plusieurs services en fonction des volumes commandés », nous a simplement indiqué un porte-parole de Synology. De plus, la plate-forme C2 ne bénéficie pas des certifications attendues par les entreprises soucieuses de la sécurisation de leurs données : HDS pour la santé ou SecNumCloud pour la sécurité. « Pour la partie C2, nous sommes certifiés ISO27001 sur notre datacenter à Francfort. Pour la certification SecNumCloud, ce n'est pas prévu pour l'instant mais nous ne l'excluons pas », assure un autre représentant de la société.