Dans une ambiance surchauffée - la grande salle non climatisée était un vrai four - éditeurs, constructeurs, fondeurs, centres de recherche et intégrateurs ont pu présenter et discuter de leurs solutions dédiées au HPC lors du forum Teratec 2011. Et même si le représentant du gouvernement à une nouvelle fois fait faux bond - attendu le 28 juin à 17h, Éric Besson, ministre de l'Industrie a simplement envoyé une vidéo tout comme Christine Lagarde en 2010. Dans ce message enregistré, le ministre a souligné les atouts de la France dans le calcul intensif et rappelé la nécessité d'encourager les coopérations entre la recherche et l'industrie dans ce domaine. Ce discours convenu et l'absence même du ministre ne sont pas vraiment une surprise sur le forum, de nombreux participants ne croyaient pas vraiment à sa venue.

Intel met en avant son MIC tueur de GPU

Pour revenir au HPC, de nombreux exposants présentaient leurs solutions logicielles et matérielles pour accompagner la croissance du marché. Chez Dell, par exemple, Marc Mendez Bermond, expert consultant en HPC, suit avec attention l'évolution du marché du calcul. « Avec une base installée confortable  - 38 Téraflops viennent d'être livrés à l'université de Bordeaux - 120 à 150 Téraflops livrés chaque trimestre, Dell se distingue de ses concurrents. Nous ne sommes pas présents sur le supercomputer, mais plutôt proche des laboratoires de recherche. Notre base nous différencie de nos concurrents qui viennent du haut de gamme qui essaient de descendre ». Aujourd'hui, les clients cherchent tous la même chose, à savoir passer de 1 à 10 Pétaflops en 2012.


Carte Intel MIC Knight Ferry


« Tout le monde demande une solution pour aller plus vite que le CPU », nous explique Patrice Gommy, directeur marketing de SGI France. Et les solutions se partagent aujourd'hui entre CPU, GPU et MIC (Many Integrated Core), le petit dernier d'Intel présenté au dernier salon Supercomputing à Hamburg. Sur le stand du fondeur à Teratec, la carte MIC Knight Ferry qui intègre 32 puces Pentium-M à 1,2 GHz, capable de traiter 4 threads par cycle d'horloge, était mise en avant pour justement contrer les plates-formes GPU. Exploitable avec les mêmes outils de développement (C, C++ et Fortran) que ceux destinés aux puces x86, l'architecture MIC, qui reprend certains éléments du projet Larrabee, se distingue nettement des Cuba, DirectCompute et OpenCL utilisés sur GPU. C'est en tout cas le but d'Intel : proposer une plate-forme aussi performante que le GPU mais beaucoup plus facile à programmer.


Tableau de bord pour suivre l'activité des 32 puces du MIC d'Intel

À Hamburg, Intel avait dévoilé un châssis bi socket Xeon équipé de huit cartes MIC délivrant une puissance de calcul de 7,3 Gigaflops. Attendus dans 12 à 18 mois chez Bull, HP, SGI et SuperMicro, les cartes MIC commercialisées, reposeront sur la deuxième génération de produit baptisé Knight Corner et gravé en 22 nm 3D TRI-gate pour atteindre la frontière de l'exaflops (un trillion d'opérations par seconde). Et avec les directives OpenMP (Open Multi-Processing), il sera possible de forcer la main au système pour décharger les processeurs du serveur et exploiter directement les cartes MIC.

Le GPU pousse ses pions

En attendant la disponibilité de cette plate-forme, les clients ne négligent pas les solutions GPU. Le stand de Nvidia était très fréquenté le 28 juin dans l'après-midi. « Le GPU offre une puissance de calcul à un prix très avantageux, indique Marc Mendez Bermond de Dell, et ce, même si l'efficience est toujours meilleure sur le CPU : 90% contre 60% environ pour le GPU ». De nombreux partenaires comme l'INRIA ou ClusterVision et surtout les fondeurs travaillent à l'amélioration des algorithmes pour augmenter le rendement.  « Aujourd'hui, le marché de la production se partage entre CPU, 90%, et GPU, 10 %, et celui de la recherche est quant à lui dominé à 70% par le GPU » nous assure Marc Mendez Bermond. Et ce principalement sous Linux. « On a une paire de projets par an sous Windows en HPC », poursuit le consultant.  Et dans le cadre de son projet datacenters d'un milliard de dollars, Dell proposera lui aussi du HPC dans le cloud comme chez Amazon, SGI, IBM et Microsoft.

Enfin signalons pour conclure que le prix Bull-Joseph Fourier 2011, décerné conjointement par Bull et GENCI, a été décerné à Julien Bohbot chef de projet et ingénieur de recherche à l'IFP Energies Nouvelles. Monsieur Julien Bohbot est récompensé pour ses travaux de parallélisation des applications utilisées pour la simulation de la combustion des moteurs automobiles. Ses travaux laissent envisager d'importants progrès dans l'amélioration des codes visant à réduire les émissions de polluants.