Pendant de nombreuses années, les hyperviseurs de type 2, Parallels Desktop et VMware Fusion, se sont livrés une rude bataille pour produire le meilleur logiciel de virtualisation pour les utilisateurs de Mac qui avaient besoin d’exécuter des logiciels Windows. Chaque fois qu’Apple sortait une version de MacOS, Parallels et VMware dégainaient leurs propres mises à jour. Cette concurrence était très bénéfique pour les utilisateurs de Mac car elle signifiait que les deux programmes continuaient à apporter des fonctionnalités et des améliorations de performances chaque année. Ces derniers temps, VMware a toutefois semblé se concentrer davantage sur ses produits d’entreprise haut de gamme et, depuis l’introduction de l’Apple Silicon en 2020, Fusion n’est plus vraiment en concurrence avec les mises à jour annuelles de Parallels Desktop.  

Les deux programmes fonctionnent essentiellement de la même manière pour créer une machine virtuelle (VM) qui s’exécute sur un Mac comme n’importe quelle autre application. Cette VM - reposants sur un hyperviseur de type 2 - émule le fonctionnement d’un PC Windows, ce qui permet d’installer une copie complète de Windows sur la machine virtuelle et d’exécuter tous les logiciels ou jeux Windows. Et surtout, il est possible d’exécuter ses applications Windows en même temps que les logiciels Mac, sans avoir à basculer entre Mac et Windows comme il est nécessaire de le faire avec Boot Camp sur les Mac Intel. Rappelons que Boot Camp n’est pas un hyperviseur et qu’il n’est plus du tout disponible sur les Mac ARM. Les deux programmes permettent également de créer des machines virtuelles qui exécutent différentes versions de Linux, une fonction utile pour de nombreux développeurs et étudiants.  

Fusion 13 rencontre Windows 11  

La dernière mise à jour majeure de Fusion était la version 12 lancée 2021 mais ne prenait pas en charge les processeurs M1 ou M2 d’Apple, de sorte qu’elle ne pouvait fonctionner que sur des Mac plus anciens dotés de puces x86 Intel. En fait, cette version ne prenait pas non plus officiellement en charge Windows 11 en tant que système d’exploitation invité pour les machines virtuelles Windows. Mais pour tenter de détourner les utilisateurs de Parallels Desktop, VMware a annoncé une version gratuite du programme - appelée Fusion Player - disponible pour une utilisation « non commerciale », comme les utilisateurs à domicile ou les étudiants qui ont juste besoin d’utiliser des applications Windows sur leurs Mac de temps en temps. Il est nécessaire de disposer d’un compte MyVMware pour bénéficier de la version gratuite et de ne pas l’utiliser pour un usage commercial. Vous pouvez vous enregistrez ici pour obtenir une licence d’utilisation personnelle gratuite 

Windows 11 s'invite sur les Mac ARM et x86 avec l'hyperviseur Fusion 13. (Crédit VMware)

C’est toujours le cas aujourd’hui avec Fusion 13, qui est disponible en téléchargement gratuit pour un usage non commercial, bien que les utilisateurs professionnels qui souhaitent utiliser Fusion plus régulièrement au travail doivent payer une licence commerciale pour Fusion Player, qui coûte 158 €HT aussi bien pour les professionnels que les établissements d'enseignement (hors promotion comme actuellement à 94,6 €HT). Il existe également une version appelée Fusion Pro, qui offre des fonctionnalités plus avancées pour les grandes entreprises et les responsables informatiques, au prix de 154€ HT.   

Mise à niveau en berne

Les mises à jour ont peut-être été plus lentes à venir ces deux dernières années, mais un petit groupe - appelé « teamfusion » - chez VMWare, dirigé par Michael Roy (blogs.vmware.com/teamfusion/), continue de travailler à l’amélioration de Fusion. Une version préliminaire de l’hyperviseur a été publiée il y a environ un an, qui prenait en charge à la fois Apple Silicon (ARM) et Windows 11, mais ce n’est que fin 2022 que la version finale de Fusion 13 a été publiée.  

Lorsqu’on télécharge Fusion 13, on obtient un fichier universel unique qui peut fonctionner en mode natif sur les Mac Intel et les Mac dotés de processeurs ARM. La seule limitation est que Fusion nécessite désormais un Mac fonctionnant sous MacOS 12 (Monterey) ou plus récent (alors que Parallels Desktop fonctionnera sur MacOS jusqu’à la version Catalina 10.15). Lorsqu’il s’exécute sur des Mac avec des processeurs Intel, Fusion continue de fonctionner comme il l’a toujours fait. Il est possible d’affecter jusqu’à 32 cœurs de processeur sur les machines virtuelles et jusqu’à 128 Go de mémoire, afin d’affiner la performance des VM. Fusion dispose également d’un mode d’affichage appelé Unity - similaire au mode Coherence de Parallels Desktop - qui masque le bureau Windows sur les machines virtuelles et permet aux applications Windows individuelles de cohabiter avec le Finder, aux côtés de toutes les autres applications Mac.  

Windows sur Apple Silicon

La gamme de fonctionnalités disponibles pour l’exécution de Fusion 13 sur les Mac dotés de processeurs Apple Silicon est plus limitée. Ces derniers ont besoin d’une version spéciale de Windows 11 appelée Windows 11 On Arm, et Michael Roy explique que Fusion 13 n’est que notre première série de fonctionnalités pour Windows 11 On Arm. Cela signifie que le processus d’installation et d’exécution de Windows 11 sur les Mac ARM présente quelques difficultés. Parallels Desktop inclut une option pour télécharger et acheter automatiquement Windows 11 On Arm lors de la création d’une VM, mais VMware nous a simplement dit que c’était à l’utilisateur d’acheter une licence auprès de Microsoft. Malheureusement, ce n’est pas une tâche facile, car Windows 11 On Arm est principalement destiné à être vendu en OEM aux fournisseurs de PC, plutôt qu’aux utilisateurs individuels, et VMware doit donc rendre Fusion un peu plus convivial pour les personnes qui ne comprennent pas les subtilités des politiques de licence de Microsoft. Fusion a également tendance à utiliser un jargon compliqué, comme l’atténuation des canaux latéraux, que seuls les responsables informatiques des entreprises sont susceptibles de comprendre.  

Pointons toutefois certaines limitations techniques. Lorsqu’il est exécuté sur des Mac équipés de processeurs Intel, Fusion fournit une accélération matérielle pour les graphiques 3D dans les jeux Windows et les logiciels de conception qui utilisent DirectX et OpenGL 4.3. En revanche, lorsqu’il fonctionne sur Apple Silicon, Fusion ne prend en charge OpenGL que pour les machines virtuelles utilisant Linux, la prise en charge de Windows étant encore en cours de développement.  

Pour la bureautique 

Pour être honnête, les performances élevées des processeurs M1 et M2 d’Apple signifient que les machines virtuelles Windows devraient être en mesure de gérer les tâches courantes telles que la navigation sur le web ou l’exécution de la version Windows de Microsoft Office sans trop de problèmes - et même à une résolution 4K. Cependant, les joueurs qui espèrent jouer à Elden Ring ou Diablo IV cet été risquent d’être déçus.  

Alors, même si Fusion 13 est encore loin de Parallels Desktop en ce qui concerne la prise en charge d’Apple Silicon et de Windows 11 On Arm, il est bon de voir que VMware n’a pas l’intention de laisser Fusion disparaître. Et, bien sûr, la possibilité d’utiliser le Fusion Player gratuit sera une véritable économie pour de nombreux utilisateurs (particuliers et étudiants) - en particulier s’ils utilisent encore des Mac basés sur Intel qui peuvent vraiment utiliser pleinement Fusion pour exécuter des logiciels et des jeux Windows. 

Conclusion 

La prise en charge de l’Apple Silicon est encore en cours, mais Fusion 13 reste une bonne option pour les utilisateurs de Mac qui ont besoin d’exécuter Windows 11 ou des applications Linux sur leur Mac. De plus, avec une version gratuite disponible pour une utilisation non commerciale, c’est aussi l’option la plus abordable pour les particuliers et les étudiants. Reste qu'avec le développement des applications en mode SaaS, les logiciels les plus courants sont aujourd'hui disponibles sur Windows et MacOS. Certains usages spécifiques - pour la musique notamment ou pour valider des travaux sur Windows et Linux - nécessitent encore l'utilisation d'un hyperviseur de type 2, ce qui évite de recourir à un PC.