« La transition numérique de la société attendue au cours des 5 prochaines années nous a été imposée par le Covid en quelques mois, sans retour en arrière » et dans ce contexte « les éditeurs ont été les plus prompts à s’adapter au chaos », souligne Bernard-Louis Roques, DG et co-fondateur de Truffle Capital, en introduction du 15ème Truffle 100 des éditeurs de logiciels français. Les acteurs de l'industrie du logiciel joueront donc « un rôle essentiel dans la construction du monde d’après », estime-t-il. Le classement annuel, réalisé avec le cabinet d’études Teknowlogy (CXP/PAC), se base sur les résultats 2019 des éditeurs. Ces chiffres en eux-mêmes ne disent rien encore de l’impact de la crise sanitaire sur cette industrie. Un indicateur l’illustre, celui de la rentabilité, qui a dépassé les 11% l’an dernier en s’approchant ainsi de son plus haut niveau historique sur les dernières années.

En 2019, le cumul des chiffres d’affaires des 100 premiers éditeurs a atteint 10,8 milliards d’euros, soit une progression de 16,12% par rapport au CA cumulé du Top 100 en 2018. Le chiffre d'affaires cumulé total (incluant d'autres activités que l'édition de logiciels) s'élève à 19,9 Md€, contre 16,9 Md€ en 2018. Les effectifs de ces entreprises technologiques ont progressé de 10 000 postes en un an atteignant 157 000 personnes en 2019 dont 25 000 employées en recherche et développement. On voit une légère progression du poids de la R&D sur un an, celui-ci s’élevant à 15,8% des effectifs contre 14,9% en 2018. De fait, les investissements en R&D ont représenté 15% des revenus en 2019 et ils ont progressé de 22% sur cette période.

Les éditeurs orientés cloud et IA bien placés pour aider à redémarrer

Les éditeurs qui ont massivement investi sur le cloud - en particulier dans la transformation de leurs offres en mode SaaS - et sur l’intelligence artificielle seront les mieux placés pour accompagner le redémarrage de l’économie, notamment dans le contexte du travail à distance, estime l’équipe du Truffle 100. Chez les éditeurs, « 75% des nouveaux projets intègrent les technologies de l’IA », constate Bernard-Louis Roques. En revanche, sur la localisation des emplois en R&D en France, il n’y a plus que 67% des éditeurs à ne pas envisager de les délocaliser contre 75% en 2018. 

Malgré les efforts des antennes French Tech régionales, l'Ile-de-France concentre toujours l'essentiel des acteurs de l'industrie du logiciel en France. En dehors de certains éditeurs-phares bien implantés en région comme Cegid, Isagri, Septeo, Maincare Solutions, Softway Medical ou Bodet Software. (Crédit : Truffle Capital/Teknowlogy)

Les services aux entreprises, l'industrie et la distribution sont en tête des progiciels métiers développés en France. Les logiciels bancaires restent puissants avec Murex à la 3ème place du classement. Sur les logiciels applicatifs, la BI et les ERP tiennent la corde. Quant aux éditeurs de logiciels d'infrastructure, ils sont particulièrement représentés dans la gestion de processus et la gestion de contenus. (Crédit : Truffle Capital/Teknowlogy)

Pour Bernard-Louis Roques, ce 15ème classement des 100 premiers éditeurs de logiciels en France, parrainé par le sécrétaire d’Etat au Numérique Cédric Ô, est bien plus qu’un bilan du passé. « C’est un indicateur avancé de l’avenir », dessine-t-il. De son côté, Xavier Negiar, PDG de Teknowlogy, pointe la tendance forte du marché du logiciel à préparer la sortie de crise en accompagnant en cela toutes les entreprises.