Le secteur du logiciel continue à bien se porter en France même si les taux de progression constatés par l’édition 2017 du classement Truffle 100 France sont moins forts que l’an dernier. Le chiffre d’affaires total du Top 100 des éditeurs français (calculé sur 2016) s’est établi à 13,8 milliards d’euros l’an dernier, dont 7,9 milliards d’euros purement réalisés dans l’édition de logiciels, soit une progression de 5,3% pour l’édition par rapport à 2015 sur une croissance totale de 7,8%. Si l’on extrait de la liste le n°1 du secteur Dassault Systèmes - dont l’activité édition pèse 2,7 Md€ -, le reste du Top 100 a totalisé en 2016 un chiffre d’affaires édition de 5,2 Md€, contre 5 Md€ en 2015.

Le Top 20 des éditeurs de logiciels du classement Truffle 100 France 2017. (crédit : Truffle Capital).

La rentabilité de ces entreprises se maintient. Le Top 100 affiche une résultat net de 1,26 Md€ contre 1,18 Md€ un an plus tôt. Sur le volet emploi, l’un des points forts de cette industrie est de conserver l’essentiel de ses effectifs en France, en particulier sur la recherche et développement. En 2016, l’investissement en R&D a légèrement progressé avec 1,237 milliard d’euros engagés (soit 60 M€ de plus que l’an dernier), tandis que les équipes R&D se maintiennent à 15,6% de l’effectif total. Dans son éditorial, Bernard-Louis Roques, directeur général et co-fondateur de Truffle Capital, met notamment en avant l’enseignement supérieur scientifique qui permet de recruter sur place « un personnel hautement qualifié à des salaires très inférieurs à ceux de la Silicon Valley et avec une loyauté bien supérieure, ce qui constitue un véritable avantage compétitif ».

Un capital-innovation insuffisant d'après Truffle Capital

Néanmoins, Bernard-Louis Roques rappelle aussi que le monde du logiciel reste une exception et, comme les années précédentes, juge que « l’effort national d’investissement en R&D et en capital-innovation » reste « dangereusement insuffisant ». Rapporté au nombre d’habitants, le capital-innovation est 50 fois plus élevé aux Etats-Unis, 8 fois plus en Israël et 3 fois plus en Norvège, note Bernard-Louis Roques. Il estime qu'il est temps de compléter la chaîne du financement de l’innovation avec l’épargne. « L’assurance-vie représente 40% de l’épargne des Français, plus de 2 000 milliards d’euros », rappelle-t-il en proposant de « flécher » 2% de cet encours vers le capital-innovation.

L’édition 2017 du Truffle 100 France montre par ailleurs que le poids des Top 5, Top 10 et Top 20 reste à peu près le même par rapport aux années précédentes : le chiffre d’affaires des 5 premiers pèse 55% du total, celui des 10 premiers 66% et celui des 20 premiers 77%. L’éditeur placé en 50ème position réalise toujours autour de 24 M€, tandis que celui placé à la 100ème place réalise 8,6 M€ (contre 9,2 M€ il y a un an).

28% de croissance sur le SaaS

Une fois encore la croissance du Software-as-a-service (28%) a dynamisé l’industrie du logiciel, pointe Laurent Calot, président du cabinet d’études CXP Group. « Le cloud a, par ailleurs, bouleversé en profondeur les modèles économiques et architecturaux, et obligé aussi les sociétés de services à redéfinir leurs compétences, leurs offres et leurs partenariats », commente-t-il. Cette année, Truffle Capital a également sollicité l’analyse de Gaspard Koenig, président du think-tank Génération Libre. Celui-ci fait remarquer que « le logiciel (…) fait peu à peu disparaître la frontière entre services et industrie » et met en exergue les nouveaux modèles qui bouleversent les secteurs les plus établis. Il soulève aussi la question des données personnelles que nous cédons pour bénéficier des nouveaux services, le monde numérique constituant, en ce sens, « une menace nouvelle pour notre autonomie », avance-t-il « Il est temps d’ouvrir le débat sur l’opportunité d’un droit de propriété sur nos données ». « C’est tout le modèle économique de l’Internet qui serait chamboulé », mais ce pourrait être la promesse d’une autonomie individuelle, conclut-il.