Le salon Viva Technology vient d’ouvrir ses portes à Paris et pas moins de 2 800 exposants sont présents dès ce mercredi et jusqu’à samedi. L’année dernière, il avait réuni 91 000 personnes et autant sont attendues cette semaine. Si cette septième édition ne porte pas sur un thème unique à proprement parler, l’intelligence artificielle aura une place de choix au sein des conférences, tables rondes ainsi que sur les stands. En guise d’ouverture, c’est Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécommunications qui a pris la parole. Il a ainsi rappelé les différentes actions menées par le gouvernement pour développer l’écosystème French Tech, cher à Emmanuel Macron.

« Nous avons créé des dizaines de centaines de start-ups » indique-t-il, ajoutant qu’« avec près de 30 licornes et 500 000 emplois directs créés dans tous les territoires, la France est l'un des écosystèmes les plus solides au monde ». S’épanchant sur cette réussite, Jean-Noël Barrot n’a pas hésité à affirmer ceci : « La France a enfin renoué avec sa profonde et vraie nature d'entrepreneuriat et d'innovation ». Car, selon lui, la prochaine génération d’entrepreneurs sera constituée de scientifiques, à l’instar d’Alain Aspect, prix Nobel de physique et co-fondateur de Pasqal, start-up française développant un ordinateur quantique. Toutefois, si l’on redescend de ce nuage où nombreux sont ceux qui idolâtrent les licornes françaises, VivaTech regorge d’autres jeunes entreprises qui souhaitent répondre à des problématiques bien précises dans des secteurs variés.

Enchanted Tools, des robots au service des hôpitaux

Son robot intrigue sur le salon. Mirokaï, le robot développé par Enchanted Tools conjugue une forme humanoïde et des traits d’animaux. Un choix assumé par la start-up parisienne et plus particulièrement par Jérôme Monceaux, son fondateur et dirigeant. Se déplaçant sur une boule, ce robot dont le visage est projeté en vidéo depuis l’intérieur du crâne, doit « introduire la logistique moderne dans les espaces sociaux ». Le robot est en effet amené à évoluer dans des lieux comme les restaurants, les hôpitaux où il déplacera de petits objets. Il peut porter jusqu’à 3 kg et se déplacer à une vitesse de 3,2 km/h, pour une autonomie annoncée de 8 heures.

Mirokaï, le robot développé par Enchanted Tools, peut déplacer de petits objets. (Crédit : CS) 

Comme présenté sur scène par Jérôme Monceaux, Mirokaï peut détecter les objets qu’il saisit grâce à des systèmes électroniques. Si son coût est élevé – 30 000 euros par pièce – le robot a déjà gagné l’intérêt des hôpitaux de Paris où il est actuellement en test. Cinq sites étudient donc l’adoption de Mirokaï : Tenon (soins intensifs), Hotel-Dieu (médecine générale), Necker (pédiatrie), Broca (réadaptation gériatrique) et Vaugirard (soins gériatriques). Enchanted Tools prévoit dans le même temps de créer une « usine urbaine façon Willy Wonka » à Paris pour donner de la visibilité à ses robots. 600 pièces doivent ainsi être construites entre 2024 et 2025. A noter qu’à ce jour, 45 sont présents sur le marché.

DeepHawk mise sur l’IA frugale

Autre start-up, autre secteur et cette fois-ci il s’agit de l’industrie. La start-up DeepHawk, incubée à IMT Atlantique et présente sur le salon sous l’étendard French German Tech Lab, propose aux industriels une solution de contrôle visuel performante, rapide, et flexible, grâce à ce qu’elle nomme l’IA frugale. En clair, cet agent cognitif basé sur un réseau neuronal détecte les défauts de non-conformité à partir d'images acquises dans le spectre visible, infrarouge ou rayons X. Ce contrôle qualité pour l’industrie manufacturière apporte différents avantages : une mise en production plus rapide, une adaptation quasi-immédiate aux changements de design et une très grande précision (jusqu’à 99,8 %).

Gilles Allain, dirigeant et co-fondateur de DeepHawk. (Crédit : CS)

Déployée en edge, la solution de computer vision a un temps de latence de moins de 15 ms, et n’envoie aucune donnée (photo de produit ou information de volume et de qualité) sur des serveurs cloud externes. Fondée en 2021 à Cesson-Sévigné, commune en périphérie de Rennes, DeepHawk a lancé ses premiers prototypes l’année dernière et compte déjà quelques employés. Gilles Allain, dirigeant et co-fondateur de DeepHawk précise que la société a déployé sa solution en France et en Allemagne et prévoit de s'attaquer au marché américain l’an prochain.

LightOn, le français qui veut concurrencer OpenAI

Sur le stand d’Amazon Web Services, plusieurs acteurs français sont présents, notamment la start-up LightOn. Si celle-ci se fait discrète, elle sait toutefois qu’elle surfe sur une tendance forte : l’IA générative. Pour mémoire, quatre chercheurs - Igor Carron, Laurent Daudet, Sylvain Gigan et Florent Krzakal - ont créé Lighton en 2016 comme spin-off de la recherche universitaire. « Initialement nous étions partis sur une solution de hardware photonique pour accélérer certains calculs avec des accélérateurs photoniques et on s'est centré sur les gros calculs de l'intelligence artificielle » précise Laurent Daudet. Les premières contributions de la jeune pousse incluent la conception de l'unité de traitement optique (OPU). Elle a été utilisée par des chercheurs du monde entier sur une plateforme cloud dédiée et intégré à l'un des plus grands supercalculateurs au monde - une première mondiale. Depuis 2020, l'équipe de LightOn se concentre sur la construction et la commercialisation de modèles de base pour l'IA générative, y compris de grands modèles de langage (LLM) capables de comprendre, d'analyser, d'écrire, de raisonner et de planifier.

A ce jour, elle propose des LLM privés pour les entreprises. Elle a par ailleurs lancé récemment Paradigm, une plateforme d'IA générative qui vient concurrencer ChatGPT d’OpenAI. La plateforme, qui s’appuie sur un modèle LLM à 40 milliards de paramètres, s'adresse aux grandes entreprises et ETI qui traitent de grandes quantités de texte, que ce soit pour le marketing, la R&D, la production, le support client, ou même la stratégie. « Notre solution peut être hébergée sur site ou dans le cloud privé des entreprises. Par ailleurs, avec Paradigm, les données de l'entreprise peuvent aussi être utilisées pour créer un modèle sur mesure. », insiste Laurent Daudet. Une manière de répondre à la problématique de la confidentialité des données utilisées pour entraîner les modèles.