Quelques jours après l’édition américaine de VMworld 2019, Eric Marin, directeur technique de VMware France, est revenu sur les principales annonces de la convention du fournisseur. Si ce dernier a pu hier se montrer dédaigneux envers les containers, il a depuis considérablement rattrapé son retard en investissant massivement sur la plateforme Kubernetes avec les rachats de Heptio, de Bitnami et plus récemment de Pivotal.

Sans revenir en détail sur la présentation de la plateforme Tanzu (branche en swahili dans le sens ramification), il est intéressant de rapporter les propos d’Eric Marin sur cette annonce stratégique pour le futur de VMware et donc de ses clients et partenaires. « Le projet Pacific est un vrai tournant dans la façon que nous proposerons à nos clients d’embrasser les containers ». Rappelons ici que la clef du grand plan Tanzu est la technologie que VMware appelle Project Pacific, qui ajoutera le support de vSphere - le logiciel de virtualisation phare de l'entreprise – dans Kubernetes. En intégrant l'orchestrateur dans le plan de contrôle de vSphere, il permettra la convergence des conteneurs et des VM sur une plate-forme unique. Le projet Pacific ajoutera également un runtime conteneur dans l'hyperviseur, a déclaré VMware.

VMware entend se déployer en mode local, hybride et cloud avec ses partenaires. 

Bien plus qu'un hyperviseur

Il faut ici bien comprendre que vSphere n’est plus simplement un hyperviseur de type 1 (ESXi avec vCenter et vSwitch) mais un orchestrateur qui pourra superviser des clusters Kubernetes, le réseau avec vSwitch et la supervision avec vCenter. Et, si on comprend le schéma ci-dessous, vSphere reprend en fait la partie supervision PKS (Pivotal Container Service). Il s’agit donc avant tout d’un élargissement à venir de vSphere pour donner l’impression qu’il fait bien du containers avec une intégration du control plane dans vCenter.

« Notre travail avec Tanzu consiste à aider les clients à franchir ce stade. Nous réarchitecturons vSphere avec Kubernetes. Nous utilisons la mécanique de vSphere pour avoir la possibilité d’offrir sur la même plateforme des VM et des containers aux développeurs et aux équipes IT en charge de l’infrastructure », précise Eric Marin. L’idée est d’apporter plus de souplesse aux développeurs et aux administrateurs traditionnels. « Les développeurs pourront utiliser les API de Kubernetes pour les instancer sur leurs pods, et les administrateurs vont continuer à administrer leurs pods de VM ».

De simple hyperviseur, vSphere devient un orchestrateur de VM et de containers mais sans changer de nom. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Une console pour gouverner tous les clusters

L’autre nouveauté mise en avant lors de cette édition américaine de VMworld, c’est qu’il va désormais être possible de gérer des applications et non plus seulement des VM. « Dans Kubernetes, on retrouve la notion de Namespaces avec des applications qui utilisent tels ou tels objets. Nous réutilisons ces concepts pour gérer les politiques des API. On pourra désormais utiliser des vMotion ou des actions de type chiffrement au niveau des applications depuis vSphere », nous a indiqué le responsable technique. En deux mots, continuer à utiliser ses outils VMware avec Kubernetes depuis vSphere.

Avec Tanzu Mission Control, VMware propose de gérer plusieurs types de clusters (Kubernetes, AWS ou encore GCP) à partir d’une seule console. Développée par l’équipe de Heptio, cette solution entend consolider les outils d’administration et adresse les 2/3 des freins à l’adoption des containers et orchestrateurs dans les entreprises, nous a confié Eric Marin. Tanzu Mission Control travaillera également avec le projet Pacific, la prochaine version de vSphere.

Une stack HCI qui ne dit pas son nom

Le cloud hybride est également une problématique en adoption réelle dans les entreprises, a confirmé le directeur technique de VMware. « Il ne s’agit plus seulement d’instances vSphere, mais d’instances SDDC sur AWS, Azure et GCP, mais également OVH, Atos et Cloud Temple ». Et pour répondre aux besoins des entreprises qui désirent adopter une solution HCI en mode abonnement, le fournisseur a présenté à San Francisco VMware Cloud on Dell EMC. Cette stack SDDC proposée en mode Edge as a service pour des problématiques ROBO interroge immédiatement sur la traditionnelle neutralité de VMware vis à vis des fournisseurs de matériels, puisque Dell EMC est le premier a être associé à cette offre. Interrogé sur ce point, Eric Marin nous a indiqué que VMware Cloud on... sera bientôt certifié et proposé avec d’autres hardwares. On pense immédiatement à HPE et Lenovo.

Cette pile, qui ressemble furieusement à une plateforme HCI, serait-elle en concurrence avec VxRail chez VMware ou chez Nutanix AHV ? Pas du tout, nous a certifié Eric Marin : « le HCI n’est pas frontal avec VMware Cloud on Dell EMC ». Cet edge computing déployé, puis pris en charge pour les clients par VMware et Dell est un service packagé : « Je commande chez VMware et je ne m’occupe plus du hardware ». On attend aujourd'hui la riposte des concurrents Nutanix et Cisco mais aussi Microsoft avec Azure Stack HCI.