Il n'y a pas si longtemps (2013), VMware considérait que les conteneurs avec distance, alors que l'industrie s'interrogeait activement sur leur capacité à améliorer le marché de la virtualisation. En 2014, VMware a commencé à adopter les conteneurs, annonçant des partenariats avec Docker, mais aussi avec Google, en grande partie pour améliorer la compatibilité de Kubernetes avec ses logiciels. Cependant, même à cette époque, le spécialiste de la virtualisation cherchait davantage à se défendre contre la marée montante des conteneurs plutôt qu’à nager dans le courant.

Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Comme le montrent les chiffres des contributeurs au projet open source Kubernetes de la Cloud Native Computing Foundation (CNCF), VMware cherche de plus en plus à tenir la barre du navire Kubernetes. Si par le passé, les contributions de VMware à Kubernetes étaient insignifiantes par rapport aux contributions de Google et de Red Hat, filiale d’IBM, ses contributions sont aujourd’hui quasiment à égalité avec celles de Red Hat, ce qui lui permet de mieux supporter le Kubernetes de demain (et de mieux le vendre aussi). 

Le code, monnaie d’échange et d'influence

Dans l’open source, il est essentiel d'être la source du code originel, étant donné la difficulté de faire monétiser ledit code source. Par exemple, une grande banque pourra employer beaucoup de développeurs pour coller à l'évolution rapide d'un projet comme Kubernetes. Mais elle n’aura pas d’influence sur le projet. Car cette influence est directement liée au code source. Même si l’auteur et consultant Thomas Dinsmore (également directeur senior de Datarobot, une startup IA basée à Boston) a raison de dire que « le code n’est pas nécessairement un gage d’influence », il est vrai aussi que sans contribution au code d'un projet open source, il est impossible d’exercer la moindre influence.

Donc, si une banque prévoit de payer pour bénéficier du support de Kubernetes, elle choisira non seulement un fournisseur dont les ingénieurs sont capables de suivre l'avancement du projet, mais qui pourra aussi faire valoir des demandes de pull (pour accélérer les corrections de bugs, par exemple). Comme on pouvait s'y attendre, Google et Red Hat ont été les plus gros contributeurs de Kubernetes et ils en ont tiré le plus de revenus (avec OpenShift, dans le cas de Red Hat). Mais qu’en est-il donc de VMware ?

Des contributions de code en hausse pour VMware

Kubernetes a été lancé chez Google et il a été livré en open source par le géant du net. Ce n’est donc pas une surprise si pendant longtemps Google a dominé le développement du projet. Pendant la durée de vie du projet, Google comptait pour 38,5 % de l'ensemble des contributions. Ce qui est surprenant, cependant, c'est que Red Hat a réussi à devenir aussi un gros contributeur, totalisant 17 % de toutes les contributions depuis le début du projet. À partir du moment où Red Hat a décidé de bâtir sa stratégie cloud OpenShift sur Kubernetes, le fournisseur a considérablement accru son implication dans le développement de l’outil phare d’orchestration de conteneurs et il a gagné une influence certaine pour orienter le développement de Kubernetes.

Pendant longtemps, VMware, qui comptait seulement pour 2,7 % des contributions à Kubernetes, a semblé suffisamment engagé pour dire à ses clients : « Ah, vous voulez Kubernetes ? Pas de problème, nous connaissons parfaitement cet outil ». Sauf que ce n’est pas ce qu’a fait le fournisseur. Comme pour Red Hat, c’est en voyant que sa base clients misait de plus en plus sur Kubernetes, que VMware a décidé de changer d’attitude. D’abord, l'entreprise a acheté Heptio, qui comptaient parmi ses dirigeants deux créateurs de Kubernetes. Et, pas plus tard que ce mois-ci, VMware a remis la main à la poche pour acheter Bitnami et renforcer sa stratégie Kubernetes.

Inciter ses développeurs à travaille sur le code Kubernestes 

Mais l’enjeu est bien lié au code et pas à des opportunités commerciales. Dans ce domaine, VMware semble vraiment très bien placé. Au cours de l'année écoulée, Google était crédité de 28 % de toutes les contributions à Kubernetes, Red Hat de 11 % et VMware de 7 %. Ce n’est pas trop mal. Cependant, un coup d’œil au dernier trimestre montre que VMware se lance dans un défi de taille : devenir l’un des trois grands fournisseurs de Kubernetes. Google reste en tête, même si son avance s'amenuise (ce qui, soit dit en passant, témoigne d’une impressionnante capacité de Google à gérer la communauté, et non d’une faiblesse). Au cours du dernier trimestre, Google est à l’origine de 26 % de toutes les contributions à Kubernetes, Red Hat est crédité de 9%, tout comme VMware. 

Oui, au cours du dernier trimestre, les contributions de VMware à Kubernetes ont égalé celles de Red Hat. Tout cela est excellent pour la communauté Kubernetes et pour les clients. C'est également très intéressant pour VMware, car il permet au géant de la virtualisation de jouer un rôle important dans l'élaboration d'un avenir où le conteneur régnera (encore) en maître. Auparavant, VMware parlait, mais ne faisait rien. Désormais, le fournisseur est passé de la parole aux actes.