Le 26 mai dernier, le fournisseur de semi-conducteurs a confirmé avoir conclu un accord pour racheter VMware dans le cadre d'une opération d'une valeur d'environ 61 milliards de dollars en actions et en cash, sous réserve des conditions de clôture, notamment l'approbation des autorités réglementaires et des actionnaires. L'accord comprend une clause de « go-shop » qui donne la possibilité à VMware d’examiner les propositions alternatives d'autres parties jusqu’au 5 juillet. Mais en cas de maintien et d’approbation, l’acquisition devrait être conclue d'ici la fin janvier 2023. Les premiers retours des clients étaient plutôt négatifs et ils craignaient une flambée des prix des licences.

Ces perceptions ont été analysées par les cabinets d'analystes S&P Global Market Intelligence et Gartner. De son côté, S&P a interrogé les clients de VMware et a constaté que 44 % d'entre eux avaient un avis neutre sur l'opération, tandis que 40 % exprimaient des sentiments négatifs. L'une des raisons invoquées par S&P pour expliquer cette réaction est « l'impact potentiel sur les termes et conditions des licences logicielles ». Mais dans les faits, lorsque les clients ont du répondre à « Pourquoi avez-vous un sentiment négatif envers cet accord ? », 24 % des sondés avaient un avis négatif sur l'une ou l'autre de ces sociétés avant l'annonce, tandis que 15 % pensent que l’innovation produit sera limitée. En troisième raison, 12 % affirment que les entreprises ne sont pas compatibles entre elles.

 

Enquête de S&P Global Market Intelligence auprès des utilisateurs de VMware. (Crédit : S&P)

Gartner attire l’attention sur les futures hausses de prix

Les réflexions du groupe d'analystes Gartner sur l'accord se sont concentrées sur les hausses de prix probables et sur la meilleure façon de les éviter. Dans un document intitulé « Quick Answer : Comment les clients de VMware doivent-ils se préparer à l'acquisition de Broadcom ? », le groupe écrit ainsi qu’« après les acquisitions de CA Technologies et de Symantec par Broadcom, de nombreux clients se sont plaints auprès de Gartner d'augmentations de coûts spectaculaires lors des renouvellements, avec une flexibilité limitée pour les négociations ».

Les analystes constatent par ailleurs « un afflux de clients de taille moyenne et plus petite cherchant à migrer ailleurs en raison des augmentations de prix extraordinaires et des difficultés liées au support ». De fait, le cabinet conseille aux actuels clients de VMware de bloquer les prix obtenus sur le long terme avec la firme avant que l’accord d’acquisition ne soit conclu. « Ajustez les pratiques de négociation et imposez à VMware de s'engager par écrit sur des dispositions spécifiques avant de réaliser des investissements financiers importants ou stratégiques », peut-on ainsi lire dans le document, ou encore « négociez des clauses de sortie dans les prochains contrats pluriannuels ». Gartner propose également aux clients de veiller sur les solutions alternatives existantes le cas échéant.

Une vision à double tranchant

Gartner et S&P voient toutefois quelques points positifs dans cette acquisition. Le premier évoque une co-ingénierie améliorée avec le portefeuille existant de Broadcom, conduisant à des améliorations de l'intégration des produits. Le cabinet d’études parle également de la poursuite d'investissements importants dans les produits VSAN, NSX et vSphere, Broadcom cherchant à se concentrer davantage sur le cloud hybride. L’étude de S&P inclut un point positif défendu par un utilisateur : Broadcom pourrait être le propriétaire idéal pour VMware, car si d'autres géants de l'informatique d'entreprise acquéraient le leader de la virtualisation, il serait difficile de maintenir le statut de « Suisse du cloud » que VMware convoite.

Les dirigeants de Broadcom ont déclaré la poursuite des investissements dans les produits VMware de base et qu'elle considérait que la communauté des partenaires de VMware offrait des opportunités et des possibilités qu'elle ne pouvait pas actuellement aborder. L’indifférence de Broadcom à l’égard de petits clients et la hausse des prix font donc planer le doute sur ce qui se passera à l’issue de la conclusion de l’accord. Une acquisition à suivre avec attention donc.