Le renouveau, ce n'est pas Diallo. Alors que le Conseil National du Numérique était fier lundi d'annoncer lundi dernier la remise à plat de son organisation en nommant dans son Collège 10 membres de la société civile - dont l'afrofréminisme Rokhaya Diallo et le rappeur Hicham Kochman alias Axiom -, force est de constater que le casting est loin de plaire à tout le monde. A tel point que le secrétaire d'Etat chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi, pourtant à l'origine de sa constitution avec la présidente du CNM Marie Ekeland,, a dû faire machine arrière dans un communiqué, en prenant un soin méticuleux à peser ses mots, traduisant un gros malaise.

« Nous avons également souhaité, par souci de bonne gouvernance et afin que le débat démocratique puisse avoir lieu, que le Conseil puisse agir en indépendance, compte tenu de l’importance des sujets à traiter [...] Cependant, et eu égard encore une fois à l’ampleur des enjeux qui sont les siens, le Conseil National du Numérique a besoin de sérénité pour travailler, et les derniers échanges sur la composition du Conseil soulignent que ces conditions ne sont pas pleinement réunies », a écrit Mounir Mahjoubi.

Un lien avec les Indigènes de la République qui ne passe pas

Ce rétropédalage du secrétaire d'Etat chargé du Numérique intervient après un courrier - retranscrit sur Twitter - envoyé au premier ministre Edouard Philippe par la députée LR des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer. « Vous souhaitez faire de l'égalité entre les femmes et les hommes une grande cause nationale et en même temps vous nommez Rokhaya Diallo qui considère le voile comme un « marqueur de féminité ». Vous défendez « Charlie Hebdo » et en même temps vous accordez votre confiance à Rokhaya Diallo qui, en 2011, signait une pétition contre le soutien à Charlie Hebdo victime d'une première agression », écrit la députée.

En novembre 2011, Rokhaya Diallo avait fait parti d'un collectif de 20 signataires pour la défense de la liberté d'expression, contre le soutien à Charlie Hebdo, affirmant notamment « que la disproportion entre les unes alarmistes sur l’incendie de Charlie Hebdo et les brèves de dix lignes sur les saccages de lieux de culte musulmans entretient une vision du monde raciste » et « que les leçons de tolérance adressées par l’élite blanche aux musulmans, présumés coupables de l’incendie, sont pour le moins malvenues puisque, contrairement à ce qui se dit et se répète, le délit de blasphème existe en France [...] ». L'essayiste-journaliste-polémiste-chroniqueuse Rokhaya Diallo fait aussi parler d'elle en entretenant des liens avec les Indigènes de la République, une organisation estimant que la France est entrée dans l'ère du « racisme d'Etat ».

Liberté artistique Vs Propos outrageants ?

Outre Rokhaya Diallo, la députée LR des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer, a aussi dans son viseur le rappeur Hicham Kochman alias Axiom, également nommé au CNNum. Avec comme grief rien de moins que ce dernier « associe les Français à des porcs », en se basant sur les paroles de l'une de ses chansons. En l'occurrence celle de son titre Lille Ma Médina, où le rappeur chante : « Je m'appelle Hicham et pas Stéphane voilà ce qui dérange les porcs, mes potes partaient dans le haram ». Le rappeur, par ailleurs à l'origine de la création de la plateforme numérique Keakr dédiée au hip-hop ayant pu justifier sa nomination en tant que membre du CNNum, lui a répondu sur Twitter. « Vous donnez à mes paroles d'artiste une signification qu'elles n'ont pas et contribuez ainsi à flatter l'extrême-droite quand d'autres s'efforcent de permettre à toute la France d'avoir voix au chapitre », a tweeté Axiom. L'artiste a indiqué mercredi soir avoir demandé à son avocat de donner au courrier de la députée « la suite judiciaire qu'il mérite ».