L'UFC-Que Choisir a saisi le Conseil d'Etat afin qu'il annule la généralisation des compteurs Linky, appelé fréquemment « compteur intelligent » et diffuse un « vrai/faux » sur celui-ci. L'Association rappelle qu'il y a certes des négociations entre ERDF et la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et régies), une fédération qui réunit les collectivités locales organisatrices des services publics de l'énergie (électricité et gaz), de l'eau (eau potable et assainissement) et de l'environnement (gestion et tri des déchets). Mais ces négociations ne portent que sur la propriété du compteur et non sur son déploiement. Juridiquement, la généralisation des compteurs est actée depuis l'arrêté du 4 janvier 2012. 

Pour l'UFC, le débat actuel masque le vrai problème : en l'état, le compteur Linky ne répond pas aux exigences normatives européennes et nationales, et, en conséquence, n'est pas au service des consommateurs pour une meilleure maîtrise de leur consommation énergétique ni de leur budget.

Les 3 défauts de Linky

Le compteur Linky, souffrirait de 3 carences majeures : l'absence d'évaluation probante préalable ; l'absence d'affichage déporté et la privatisation de l'accès aux données essentielles de consommation. L'UFC estime que la décision de généralisation du compteur a été prise bien que les objectifs assignés aux expérimentations menées en Touraine et à Lyon n'ont pas été atteints. 

Le planning des poses n'aurait pas été tenu et de nombreuses défaillances techniques auraient été relevées. Les compteurs sautaient un peu trop facilement et la télé-transmission des données ne se faisait pas. Au-delà de ces difficultés techniques, l'impact sur la maîtrise de la demande énergétique n'a pas été évalué.

De plus, contrairement aux exigences européennes et aux promesses du Grenelle, les compteurs communicants ne permettraient pas aux consommateurs de « mieux connaître leur consommation d'énergie en temps réel et ainsi de la maîtriser ». Pour ce faire, il est indispensable de disposer, dans l'espace de vie, d'informations en temps réel sur sa consommation ainsi qu'un bilan de sa consommation, c'est ce que l'on appelle l'affichage déporté. 

Une facture salée pour le consommateur

Enfin, l'UFC rappelle qu'en vertu de la loi, les données de comptage relèvent d'une mission de service public incombant à ERDF. Pourtant, l'UFC relève que l'arrêté a délégué la gestion de ses données aux fournisseurs ne garantissant pas l'accès de tous à ses informations. De même, malgré l'engagement gouvernemental d'une gratuité pour les consommateurs, l'UFC rappelle que le décret de 2010 prévoit que les consommateurs paieront le compteur Linky via le TURPE (le tarif d'utilisation du réseau public d'électricité). Le coût de l'appareil et de son installation est particulièrement élevé.

L'UFC avance le chiffre de 120 euros à 240 euros par compteur, voire selon les récents chiffres d'EDF, de 200 à 300 euros. Et le compare avec les exemples étrangers : 80 euros en Italie, où ce dernier est financé par le fournisseur Enel. L'UFC en déduit que ces compteurs sont conçus essentiellement dans l'intérêt du gestionnaire de réseau et des fournisseurs d'énergie, et peu dans celui des consommateurs. Conséquence, l'UFC-Que Choisir a saisi le Conseil d'Etat d'un recours pour excès de pouvoir contre l'arrêté de généralisation du Linky et a établi une fiche sur les dix « on-dit » les plus souvent avancés sur le compteur Linky et ses fonctionnalités.