Lancée en 2012, la start-up Frame pousse un service assez unique sur le marché des serveurs d’applications. La société installée à San Mateo propose en effet aux éditeurs, aux ISV et aux entreprises une plateforme cloud de type PaaS capable d’afficher n’importe quelle application Windows – même exigeante - dans un navigateur web sur Mac, Windows ou Linux. C’est une demande du gouvernement américain qui est à l’origine de l’offre de la start-up, nous a expliqué Carsten Puls, responsable du marketing chez Frame. Les autorités fédérales demandaient quelque chose de plus simple et moins cher que les solutions VDI de Citrix XenDesktop, Microsoft RDS ou VMware View - qui nécessitent des serveurs et des licences onéreuses - pour utiliser des applications Windows sur plusieurs plateformes.

Frame a donc saisi cette opportunité pour développer son service cloud sur AWS et Azure. Celui-ci s’apparente à une forme de Desktop as a Service. « En 2012, AWS n’était pas encore très connu, l’utilisation de GPU dans le cloud pas encore disponible… nous avons donc travaillé avec Adobe Photoshop pour montrer que notre plateforme pouvait embarquer n’importe quelle application Windows avec une simple ligne de code Javascript dans le navigateur », nous a confié Carsten Puls. « C’était un moment extraordinaire pour les utilisateurs et cela nous a mis en orbite. L’application fonctionne sur un serveur cloud et s’affiche sur un navigateur x86. Il n’y a pas de plug-in, pas de Flash… alors que Citrix et tous les autres demandent un plug-in. Nous voulions une solution SaaS facile à utiliser ». Et début 2018, Frame a aussi lancé un PaaS multitenant qui connecte les utilisateurs aux VM de manière transparente.

Grâce aux API fournies par Frame, il est possible de démarrer et arrêter des sessions, ajuster la capacité et obtenir des analyses en temps réel.

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Pour ajouter une application dans Frame, l’administrateur doit passer par la console qui encapsule ensuite le logiciel dans une sandbox avec une gold master image. L’application est ensuite distribuée sur un pool de VM pour fournir les utilisateurs. « On peut choisir le nombre d’instances pour éviter les attentes au boot [...] Et le client ne paie que pour ce qu’il utilise vraiment. Alors qu’avec Citrix, VMware et Microsoft, les tarifs sont calculés en fonction du nombre d’utilisateurs en mode abonnement », précise le reponsable marketing. « Citrix, VMware et Microsoft ont essayé de proposer un service comme le nôtre. La compétition a démarré mais comme nous étions les premiers, nous pouvions réagir et évoluer très vite pour faire face à cette nouvelle concurrence ». Deux de ces compétiteurs se sont d’ailleurs transformés en partenaires. « Microsoft a adopté notre plateforme pour remplacer à terme Azure Remote App et VMware revend notre solution rebaptisée Workspace ONE App Express… Mais nous sommes toujours en compétition avec Citrix qui a aussi une solution dans le cloud », avoue le dirigeant, ce qui explique les multiples comparaisons avec l’éditeur floridien. « Nous parlons tous les jours à des clients de Citrix qui recherchent une solution plus simple à utiliser. Ils comprennent très vite notre produit car ils connaissent déjà le concept de virtualisation d’applications. ».

Dernière nouveauté chez Frame, son PaaS multitenant qui supporte les applications et services de différents fournisseurs.

La plateforme de Frame n’utilise pas le protocole RDP, mais repose sur une solution maison exploitant le codec H.264, parfaitement optimisé pour le WAN ainsi que pour les environnements avec une faible bande passante. Le trafic passe en HTTPS et TCP, il n’est donc pas nécessaire d’ouvrir des ports dédiés dans le firewall. « Une passerelle GPU sur AWS est également disponible si besoin (avec un GPU sur une VM). Nous proposons la même chose sur Azure avec le partage des ressources GPU dans une box séparée comme différenciateur ». Google Cloud Platform n’est pas encore proposée mais cela ne saurait tarder puisque toute la démonstration à laquelle nous avons assisté chez Frame a été réalisée sur GCP. Les clients peuvent également exploiter les ressources de stockage proposées par AWS et Azure mais également celles de services tiers (DropBox, Google Drive ou encore Onedrive) via une API sécurisée.

Déjà présent en Europe avec Azure et AWS 

Avec AWS, Frame est dans une situation de coopétition. « C’est le cas de beaucoup de fournisseurs, car AWS propose tellement de services dont Workspaces. Nous reconnaissons qu’ils sont un compétiteur mais ils ont construit un écosystème pour entrainer les partenaires ». Frame s’avère toutefois à la fois plus souple et plus riche. Il est par exemple possible d’ajouter des web apps comme Slack ou Google G Suite. Les applications disponibles sont personnalisables pour chaque utilisateur qui passe par un launcher dans son navigateur pour lancer ses logiciels. Il n’y a pas vraiment de bureau même si Frame peut l’offrir si besoin.

Pour les prix, la version standard (de 5 à 25 personnes) est proposée à 20$ par mois et par utilisateur, la Pro (plus de 50 personnes) à 30$ par mois. Le tarif de la version Enterprise (illimité) est fourni sur demande. Des frais horaires peuvent toutefois s’ajouter en fonction des plateformes cloud retenues. En Europe, les datacenters d’Azure et AWS sont disponibles en France, en Allemagne et en Irlande. Comme le dit Carsten Puls : « C’est ça la magie du cloud, nous sommes déjà présents en Europe ».