Le supercalculateur exaflopique Sequana de Bull, racheté en 2014 par Atos, sur lequel le constructeur travaille depuis plusieurs années, sort du bois. Ce système exascale, qui pourra développer d'ici 2020 une puissance capable de calculer 1 milliard de milliards d’opérations par seconde, présente l’avantage d’être 10 fois plus économe en énergie et 10 fois plus dense que la génération actuelle à performance équivalente, souligne Atos. Le calcul haute performance est l’un des domaines où la France continue à s’affirmer au premier plan au niveau européen et conserve ainsi une carte à jouer au niveau mondial, identifiée comme telle par le gouvernement dans sa reconquête industrielle et ses investissements liés au big data et à l’économie des données, ainsi que l’avait confirmé la conférence Teratec, en juin dernier à Palaiseau.

« Atos est l’un des trois ou quatre acteurs mondiaux à savoir concevoir et fabriquer aujourd’hui des supercalculateurs, et le seul européen », a pointé de son côté Thierry Breton. Bull qui vend régulièrement ses systèmes HPC à des clients à travers le monde, a notamment installé l’an dernier au Laboratoire national de calcul scientifique de Petropolis, au Brésil, le supercalculateur Santos Dumont d’une puissance de 1,1 pétaflop. Des systèmes Bull sont également installés en Allemagne, au centre de recherche météorologique DKRZ, dans les Universités de Dresde et Düsseldorf, ainsi qu’en Belgique, au centre de recherche aéronautique Ceaero, ou encore en Espagne, mis en place par le groupe bancaire BBVA. Après son rachat par Atos, les budgets investis par Bull dans le HPC avaient été confirmés. Le supercalculateur exascale, présenté officiellement à Paris aujourd'hui, est d'ailleurs actuellement en cours d’installation au CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives).

Sequana est produit dans l'usine Atos d'Angers

Produit dans l’usine d'Atos située à Angers, le système Sequana a bénéficié d’une large coopération internationale, souligne le groupe dirigé par Thierry Breton en ajoutant que son architecture ouverte et évolutive lui permettra d’intégrer les prochaines technologies. S’il est d’abord destiné aux grands centres de calcul, sa densité réduite devrait aussi lui permettre d’être mis à contribution dans d’autres contextes, par d’autres catégories d’utilisateurs, pour de nouveaux usages dans le cadre d'applications exploitant les big data.

Dans cette course à l'exaflopique, outre-Atlantique, Barack Obama a validé en juillet dernier aux Etats-Unis, un investissement de 3 milliards de dollars sur dix ans. Actuellement, au classement mondial des supercalculateurs Top500, la Chine est en tête depuis six semestres consécutifs avec son système Tiahne-2, d'une puissance de crête de 54,900 petaflops. Le mois dernier, le groupe français Total avait annoncé avoir de son côté triplé la puissance de son supercalculateur Pangea, la portant à 6,7 pétaflops en crête et à 5,28 Pflops en puissance utilisable, ce qui selon lui le mettait au premier rang des systèmes HPC industriels. Un pétaflop correspond à un million de milliards d’opérations par seconde.