Carl Icahn n'a pas froid aux yeux : malgré les remous qui agitent le navire Yahoo, l'investisseur milliardaire a doublé sa participation dans le capital du portail Web en l'espace de trois jours. Il a déposé auprès de la SEC (Securities and exchange commission, le gendarme de la bourse américaine) une demande de rachat de 6,9 millions d'actions du portail, ce qui porte sa participation globale à 5,4%. Montant de la facture : près de 70 M€. Des actions achetées à bon prix Cette montée en puissance à de quoi surprendre. Yahoo étant en proie à de violentes secousses économiques et stratégiques. Le chiffre d'affaires croupit, le résultat net s'écroule (54 M€ au troisième trimestre 2008, soit - 64% par rapport à l'année dernière), les licenciements se succèdent, Yahoo vient même de brader Kelkoo, le site comparateur de prix acquis en 2004 pour 475 M€ et revendu moins de 100 M€ à un fonds britannique. Pas de quoi représenter l'investissement idéal. Mais à y regarder de plus près, la stratégie de Carl Icahn est loin de se limiter à un simple caprice de milliardaire. D'un point de vue financier tout d'abord. L'action de Yahoo mord aujourd'hui la poussière à moins de 10 $, alors qu'elle flirtait avec les 27 $ il y a tout juste un an et que Microsoft en proposait 33 $. Une affaire donc, à condition de croire en l'avenir de Yahoo. Et c'est apparemment le cas de Carl Icahn. Carl Icahn veut peut-être ouvrir une nouvelle porte à Microsoft Le milliardaire a toujours fait savoir qu'il désapprouvait l'entêtement de Jerry Yang à refuser l'offre en or de Microsoft. Fin stratège, il a même poussé le vice jusqu'à menacer Yahoo de se lancer dans un proxy fight (bataille de mandats) et de faire renouveler son conseil d'administration. Yahoo a fait profil bas lors de sa dernière assemblée générale en octroyant à Carl Icahn la place qu'il convoitait au sein du conseil d'administration. Mais cela ne suffit pas à Carl Icahn, qui n'a sans doute pas abandonné l'idée d'un rapprochement avec Microsoft. L'homme d'affaires dispose de beaucoup d'influence et ne risque pas de desserrer les griffes. Il a déjà poussé bon gré mal gré le conseil d'administration de BEA à accepter l'offre de rachat formulée par Oracle. Des analystes cités par Reuters ont récemment souligné que « Jerry Yang aura plus de mal à se sortir des griffes de Carl Icahn que de celles de Steve Ballmer », PDG de Microsoft. Les faits leur donnent raison : Jerry Yang a récemment abandonné son poste de PDG de Yahoo, peut-être légèrement poussé par des actionnaires. Quant à Steve Ballmer, il s'est récemment déclaré désintéressé par un rachat de Yahoo. Carl Icahn parviendra peut-être à renverser la vapeur...