Pour contrebalancer l'influence de la classification PUE (Power Usage Effectivness), très utilisée en Amérique du Nord, qui compare l'énergie totale consommée par un datacenter avec celle utilisée réellement par les matériels informatiques et celle nécessaire à d'autres éléments comme les systèmes de refroidissement et l'éclairage, le CRIP, l'ETSI ISG OEU et la CTO Alliance travaillaient depuis 18 mois sur un indicateur composite plus précis, le DCEM (Data Centre Energy Management), aujourd'hui normalisé par l'ETSI (European Telecommunications Standards Institute). Jean-Marc Alberola d'Airbus, André Eledjam de la Société Générale, Henri-Claude Moreau de PSA et Dominique Roche d'Orange, également chairman de l'ETSI ISG OEU, ont mené à bien ce projet et sélectionné les indicateurs les plus appropriés pour évaluer l'efficacité énergétique d'un datacenter à l'aide d'un outil de simulation sous Excel.



« Il s'agit de mesurer ce qui entre [en énergie, NDLA] mais aussi ce qui ressort pour calculer ce que l'on peut faire pour améliorer l'efficacité énergétique d'un data centre » a indiqué Dominique Roche lors de la présentation de l'indicateur DCEM. L'utilisation d'une dizaine de KPI renseignés sur une plate-forme web permet de calculer la classe énergétique d'un centre de calcul. « Et ceci avec une double échelle (de A à I) pour prendre en compte les contraintes inhérentes au protocole de Kyoto de 2005 visant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L'idée est en effet d'encourager les datacenters les plus anciens (30 à 35 ans) qui font des efforts pour améliorer leur bilan énergétique, et non de les raser pour repartir de zéro », a précisé Jean-Marc Alberola, responsable energies facility management chez Airbus. « Les bons élèves sont aujourd'hui dans les classe B et C, et personne n'est encore en A », même si les directions générales demandaient le meilleur classement pour leurs installations informatiques. « Il fallait garder un peu de marge de progression pour encourager les responsables de centres d'exploitation informatique ».

Un indicateur bientôt imposé aux fournisseurs ?  

Aujourd'hui, une trentaine de datacenters européens sont benchmarkés dans la base de données DCEM mais de manière anonymisée, nous a indiqué Henri-Claude Moreau, Corporate Datacenter Manager & Lean Management Leader chez PSA. Les responsables de centres ne sont pas encore prêts à étaler toutes leurs données de manière transparente, notamment vis-à-vis de leurs concurrents directs. Une certification est d'ailleurs attendue dans les prochains mois avec un contrôle réalisé par un bureau spécialisé pour valider les indices, et donc le classement final de chaque datacenter. « L'accès à la base de données avec tous les résultats agrégés est cependant réservé aux membres du CRIP même si toutes les entreprises peuvent utiliser l'outil DCEM pour classer leurs installations », nous a confié M. Roche. Airbus (avec ses datacenters en France et en Allemagne), PSA (avec ses deux centres à Bessoncourt en Franche-Comté), mais aussi la Société Générale, Thalès, Orange, SFR et Bouygues Télécoms alimentent déjà cet indicateur. Le secteur public a également commencé à le regarder avec un intérêt réel à la Banque Postale, chez Pôle Emploi, aux CAF et au Ministère de l'Agriculture.

Chez Airbus, il pourrait servir de norme au niveau international pour évaluer les performances des fournisseurs et des prestataires. Les pods HP sur le site de Toulouse pour le développement de l'Airbus A350 ne sont toutefois pas benchmarkés avec l'outil DCEM. Ils ne sont là qu'à titre temporaire, nous a indiqué M. Alberola, mais la question va se poser pour toutes les infrastructures des hébergeurs, SSII et autres acteurs de l'IT. Si OBS devrait bien suivre l'exemple Orange, on attend encore la réponse des poids lourds du secteur.