Depuis toutes ces années où on parle d'alignement entre IT et business, et de rapprochement entre directions informatiques et directions métier, les DSI et architectes n'auraient-ils toujours rien compris ? En tout cas, même si le message est passé, deux analystes de Forrester ont choisi, au premier jour de l'IT Forum organisé par le cabinet à Berlin, d'enfoncer le clou, sous deux angles différents : la compréhension des enjeux business dans l'élaboration d'une architecture d'entreprise, et l'adoption d'un point de vue business pour calculer et démontrer la valeur de l'IT. En d'autres termes, il ne suffit pas d'avoir instauré, voire institutionnalisé un dialogue entre IT et direction générale, il faut aussi changer les façons de penser. Pour Jeff Scott, analyste senior, il est temps que les architectes d'entreprise acquièrent une vision métier, et passent de l'EA (architecture d'entreprise) à la BA (Business architecture). Le rôle des architectes est de définir le 'comment', dit-il, de parer à toutes les éventualités. Dans une perspective business, le rôle de l'architecte consiste plutôt à mettre en lumière certains éléments définissant le 'quoi' : ce que l'entreprise fait, ce qu'elle fera, ce qu'elle devrait faire... En conséquence, Jeff Scott invite les architectes à changer de point de vue, à lire des livres expliquant les différentes facettes de la gestion d'entreprise, et à commencer à appliquer ces préceptes sur le département informatique. « Après tout, fait remarquer Jeff Scott, c'est aussi une business unit, qui peut bénéficier de ces efforts. Et cela pourra vous servir à démontrer vos résultats lorsque vous irez voir votre PDG. » Une meilleure communication pour bien démontrer la valeur de l'IT pour le business Ce changement de point de vue était aussi au coeur de la démonstration de Bobby Cameron, vice-président et analyste principal de Forrester. Pour lui, si les gens du métier ne voient pas ou voient mal la valeur que l'informatique apporte, c'est avant tout à cause d'un problème de communication. Il faut, dit-il avec un sourire en coin, que les DSI acceptent de faire un peu de marketing, qu'ils se mettent à dire à chaque dirigeant métier ce que ce dernier souhaite entendre : qu'il créée de la valeur pour son business. La même initiative IT pouvant d'ailleurs être exploitée différemment selon les interlocuteurs : elle sera par exemple décrite comme une solution de réduction des coûts au département financier et comme un moyen de toucher de nouveaux clients au département des ventes. Pour communiquer de cette façon, conseille l'analyste, le mieux est d'insérer une dimension métier dans le portefeuille de gestion de projets, en indiquant pour chacun son impact potentiel sur le business. De là découlent de nouvelles métriques qui serviront à mesurer la valeur métier de ces projets IT. Lesquelles mesures, conclut Bobby Cameron, serviront à démontrer la valeur de l'IT, et à développer l'influence personnelle du DSI.