La Commission européenne devrait aujourd’hui mettre en cause Google pour abus de position dominante, après 5 ans d’investigations. Le groupe américain a en effet indiqué que le régulateur antitrust européen lui a adressé ce mercredi une «communication des griefs», en particulier sur les résultats qu'il offre quand un internaute fait des recherches pour des achats. Pour Google, il s’agit d’une affaire « affaire extrêmement sérieuse ». En effet, une communication des griefs est une étape formelle dans les enquêtes de la Commission européenne sur les pratiques commerciales antitrust, et peut conduire à des interdictions sur des pratiques particulières ou à des amendes. Une telle procédure pourrait se conclure par une considérable sanction pour Google de l’ordre de 6 milliards de dollars, soit 10% de son chiffre d’affaires mondial. Dans une note interne obtenue par nos confrères de Re/code et de TechCrunch, la firme de Mountain View a indiqué à ses employés que l’enquête de la Commission pourrait parallèlement cibler son OS mobile Android, sans que cela ne conduise nécessairement à une action contre la société. Pour appuyer ses propos, Google a rappelé l'ouverture et l’arrêt d'une enquête sur le service iTunes d'Apple, survenus il y a quelques années. Le groupe américain a également ajouté posséder les bons arguments lorsqu’il s’agissait d’améliorer ses services à destination des internautes ou de stimuler la concurrence.

Un compromis trouvé en février 2014

Google doit en effet rivaliser avec des acteurs comme Bing, Yahoo, Quora, DuckDuckGo, ainsi qu’avec une vague d’assistants virtuels tels que Siri d'Apple ou Cortana de Microsoft. Sans oublier les sites de e-commerce comme Amazon, Idealo, Le Guide, Expedia ou eBay ainsi que les réseaux sociaux ( Facebook, Twitter et autres) sur lesquels les utilisateurs se tournent pour consulter des news, ou faire des suggestions. Google a également fait valoir qu’Android offrait un vaste choix aux utilisateurs. Les apps rivalisant directement avec Google comme Facebook, Amazon, Bing ou Expedia étant facilement accessibles par les utilisateurs d'Android, même lorsqu’elles sont préchargées sur certains terminaux dont le Galaxy S6 de Samsung. « Nous avons versé plus de 7 milliards de dollars au cours de l'année passée aux développeurs ainsi qu’aux éditeurs de contenu », a indiqué Google dans son mémo.

La compagnie a ajouté que la communication des griefs déposée par Bruxelles n’était pas une conclusion finale, mais un ensemble d'arguments préliminaires auquel elle était en mesure de répondre. En 2010, le gendarme européen de la concurrence reprochait principalement au géant américain de mettre en avant sur ses pages ses propres services spécialisés, au détriment des moteurs de recherche concurrents, Après des années de discussions, les deux acteurs étaient parvenus à trouver un compromis en février 2014, aux termes duquel Google s’était engagé à donner une importance égale aux services concurrents. Mais cet accord a été rompu par diverses entreprises, dont Foundem, un moteur de recherche vertical visant différentes catégories de marché, qui avait déposé plainte contre Google en 2009.