Sur la bataille qui s'engage pour la domination du marché du cloud, IBM a réorganisé et complété ses forces. Après le rachat d'Arsenal Digital, un spécialiste du stockage en ligne,  et de Cast Iron Systems, spécialisé dans les logiciels d'intégration de cloud, IBM dévoile une offre cloud modulaire (IaaS et PaaS) mâtinée d'infogérance, un logiciel d'aide à la création de datacenter automatisé, Cloud Workload Deployer, et LotusLive, la version SaaS de la suite collaborative de Big Blue.

Pour l'occasion Philippe Jarre, directeur général d'IBM France, en charge de l'activité Global Technology Services, nous a présenté la stratégie et les objectifs d'IBM dans le monde du cloud computing. Une présentation qui a commencé par un petit rappel, « le cloud n'est pas totalement étranger à IBM puisque nous travaillons sur le sujet depuis 2006 [...] 6 milliards de dollars sont dépensés par IBM en R&D et une part considérable est dédiée aux infrastructures ». Aujourd'hui, le marché des fournisseurs de technologie pour les infrastructures se résume à deux acteurs, IBM et Intel, poursuit Philippe Jarre, et avec la plate-forme Watson nous avons démontré un savoir-faire qui sera disponible dans 5 ans dans les puces pour mobile.

13 centres cloud dans le monde

Treize centres de compétences cloud dont deux en France à Montpellier et à La Gaude aident les clients de Big Blue à automatiser leurs datacenters. « L'approche d'IBM est pragmatique, on regarde toujours avec les clients ce qui peut tout d'abord aller dans le cloud. Aujourd'hui, nous travaillons avec plus de 100 000 entreprises dans le monde pour transférer leurs activités dans le cloud ».

La firme d'Armonk ambitionne de réaliser un chiffre d'affaires de 7 milliards de dollars dans le cloud (dans le monde), avec un déplacement de 4 milliards de l'activité traditionnelle et donc 3 milliards de nouveau business. Impossible de savoir, malgré nos nombreuses requêtes, quels sont aujourd'hui les revenus réalisés par IBM dans le cloud. On apprendra juste que la société attend une croissance de 24% des dépenses IT sur ce marché en France selon une étude Markess consacrée aux plates-formes Iaas et PaaS.

Parmi les clients d'IBM dans le cloud, Philippe Jarre a tenu à mettre en avant plusieurs clients. L'opérateur SK Telecom en Corée qui a déployé une plate-forme PaaS pour proposer à ses clients un cloud privé réservé aux développements d'apps pour mobiles. Plus ambitieuse dans ce domaine, la banque ING a décidé de transférer de 5 à 20% de son parc applicatif dans un cloud interne. Enfin, le portail français Altares a choisi la plate-forme IaaS d'IBM pour développer ses solutions analytiques  (finance, marketing...) sur les entreprises.

Un mixte de cloud et d'infogérance

Pour revenir aux annonces du jour, Fady El Kaddoum, responsable des offres se services Cloud chez IBM, nous a détaillé les services Smart Cloud. Le premier, baptisé Smart Business Cloud Enterprise et auparavant connu sous le nom de Tests & Dev, est une offre IaaS similaire à celle d'Amazon Web Services et de Microsoft Windows Azure. Les clients peuvent déployer des applications Linux et Windows sur des VM KVM dans les centres de données IBM, avec une disponibilité de 99,5 % par an. La société destinant en effet cette plate-forme aux applications non critiques et aux tests de solutions.


Fady El Kaddoum insiste bien sur le support proposé par IBM bien plus complet selon lui que celui d'Amazon. « Un technicien et un point de contact français sont proposés en support  et comme plusieurs pays sont opérés, il est possible d'aider une société en paris et sa filiale à Dubai ». Dernier point d'importance, cette offre est sans engagement et peut être stoppée en moins d'une heure, nous garantit l'évangéliste d'IBM.

Tous les hyperviseurs supportés

Le deuxième niveau de service, Smart Business Enterprise + offre plus de sécurité avec une garantie de disponibilité passant à 99,9 % et la possibilité d'exécuter des machines virtuelles sur matériel dédié, plutôt que sur des serveurs partagés avec les autres clients, et la possibilité d'utiliser AIX ainsi Windows et Linux.  Les hyperviseurs supportés sont les quatre principaux, à savoir VMware VSphere, Microsoft Hyper-V, Citrix Xen et Red Hat KVM. Smart Business Enterprise + permet également aux clients d'obtenir plus de souplesse de gestion, de connexion, de sécurité et d'autres options de disponibilité. 

IBM prend en charge tout le matériel et les hyperviseurs, avec n'importe quelle combinaison OS, applications ou processus d'entreprise. Si ces services cloud n'ont rien d'originaux, IBM essaie d'aller un pas plus loin que les offres de cloud standard, en termes de prix, de sécurité, de fiabilité et de disponibilité. Philippe Jarre souligne ainsi que les prix proposés par IBM seront de 25 à 30% moins chers qu'une infrastructure traditionnelle. Cette offre est disponible dans une version complètement hébergée ou simplement gérée par IBM avec un paiement au mois en Opex. IBM entre ici en concurrence avec les services cloud computing proposés par Hewlett-Packard. Mais alors que HP n'a pas encore indiqué quand ses offres seront disponibles, IBM a déclaré que son service Smart Business Cloud Enterprise est disponible dès maintenant à travers le monde, et que l'Enterprise + suivra plus tard dans l'année.

Un outil d'aide à la migration cloud

En complément de ses services cloud, Big Blue propose également des produits tant matériels et logiciels que les entreprises peuvent déployer dans leurs propres centres de calcul. Il comprend de nombreux produits et systèmes Tivoli, notamment Tivoli Service Automation Manager et Tivoli Provisioning Manager for Images.  Et pour aider les entreprises à concevoir et déployer des architectures cloud privé, IBM commercialise le logiciel Cloud Workload Deployer. Cet outil doté d'une interface graphique supporte les logiciels maisons pour la construction de cloud privé. Toujours coté software, IBM annonce l'arrivée de LotusLive et la certification des solutions SAP sur ses clouds.

Enfin, IBM propose une solution cloud totalement privée, en mode Capex, pour les entreprises qui ont peur du cloud public. Cela ne veut pas dire qu'IBM n'a pas beaucoup de clients qui utilisent déjà ses services cloud public, mais simplement que les entreprises ,en particulier dans les secteurs où les données sont sensibles comme la santé et la finance, ne sont pas encore prêtes à passer au cloud public. Philippe Jarre ne prétend pas autre chose quand il nous confie en aparté que la vraie différence entre cloud privé et public c'est la sécurité.

Signalons pour conclure que Big Blue lance à son tour une alliance pour standardiser le cloud computing. Baptisée Open Cloud Standards Alliance, cette dernière regroupe principalement des clients - sponsors mis à part - dont AT&T, Lockheed Martin, ADP, StateStreet, pour travailler et imposer une architecture de référence et des standards d'interopérabilité.