Actuellement, peu d'entreprises sont autant soucieuses de leur sécurité que ne l'est la banque d'affaires JPMorgan Chase. Ainsi, lorsque l'établissement financier a décidé de déployer des iPad dans sa branche banque d'investissement, suite à des mesures similaires prises par le Crédit Suisse et Citigroup, cela a dépassé le simple engouement pour un gadget. Apple, longtemps enracinée dans l'enseignement, les activités créatives, et plus récemment l'électronique grand public, serait devenue une entreprise pour les professionnels. Principale raison de ce changement :  le succès retentissant de la firme dans l'électronique grand public. En raison du nombre important d'utilisateurs professionnels d'iPhone puis d'iPad, les départements informatiques ont été contraints d'accueillir ces terminaux mobiles au bureau  Et malgré des inquiétudes précoces pour la sécurité, peu, voire aucune infraction majeure n'a été collée à ces équipements. « Les entreprises sont devenues plus centrées sur le consommateur », considère Trip Chowdhry, analyste chez Global Equities Research. Selon lui, la simplicité et l'élégance font vendre. Pas la complexité. Dans le même temps, Apple aurait reconnu que jouer sur le marché des produits pour les serveurs était une erreur et que la décision d'abandonner Xserve, seul serveur d'Apple en rack, était en ligne avec cette stratégie.


8 000 iPod Touch, 700 iPhone et 120 iPad chez RehabCar

Lorsque l'iPad a fait ses premiers pas en avril 2010, après son cousin iPhone, de nombreuses questions ont été soulevées sur l'aptitude de ces terminaux dans les entreprises. Il subsisterait encore des obstacles, mais l'on aurait clairement atteint le point d'inflexion. Le déploiement d'iPad chez JPMorgan, ainsi que l'a révélé Bloomberg News en novembre dernier, constitue l'indicateur important d'un changement. En utilisant ces outils, les banquiers pourront aussi bien accéder aux emails, contacts, calendrier, et pièces jointes via Microsoft Outlook, que marquer et annoter des documents confidentiels ou faire des présentations à leurs clients. Ils seront également autorisés à télécharger des applications pour un usage personnel, comme l'indique une note interne de JPMorgan obtenue par Bloomberg.

D'autres géants de la finance, comme Morgan Stanley, Crédit Suisse Group, Citigroup et Bank of America commencent eux aussi à être équipés de produits Apple. Dans certaines de ces entreprises, l'iPad s'est même substitué au BlackBerry, icône des traders et autres banquiers. Cette mutation va au-delà des services financiers. Elle gagne également d'autres entreprises telle RehabCare, une société publique cotée en bourse qui emploie 19.000 personnes et qui gère 35 hôpitaux (dans les soins d'urgence) et centres de réadaptation. Celle-ci doit se conformer à la fois aux lois américaines Sarbanes-Oxley et HIPAA, la sécurité et les questions connexes faisant partie de ses préoccupations majeures. La société développe des applications critiques sous iOS pour 8 000 iPod Touch, 700 iPhone et 120 iPad.  Ensemble, trois applications iOS aborderont tous les aspects des affaires de RehabCare, depuis l'amélioration des soins jusqu'à l'acquisition de nouveaux clients.

Des salles de conférences dans les AppStores pour attirer des professionnels

Alors, ces équipements sont t-ils prêts ou non  pour le monde de l'entreprise? «Il y a ce mythe d' informaticiens qui perdure sur le fait que les terminaux Apple ne peuvent pas fonctionner dans les entreprises, considère Dick Escué, DSI de RehabCare. Nous y voyons pourtant de nombreux avantages en les utilisant en mode cloud et en misant sur une technologie grand public. » Trois signes montrent pourtant que les DSI semblent aujourd'hui ouverts à Apple, à la technologie mobile et même à la plate-forme Mac. D'abord, Galen Gruman, rédacteur en chef d'Infoworld, a été informé par plusieurs DSI que les ingénieurs d'Apple étaient très actifs dans les entreprises pour savoir ce qu'elles attendaient des futurs iPad et iPhone. Ensuite, la montée en puissance d'Apple dans les entreprises serait abordée dans presque toutes ses conversations des dirigeants de l'industrie technologique  Enfin, la firme de Cupertino aurait discrètement ouvert des salles de conférence dans certains de ses magasins pour rencontrer de futurs clients professionnels. A Paris, à l'opéra par exemple.