Neelie Kroes, commissaire européen en charge de l'agenda numérique a estimé que si l'UE veut devenir un acteur mondial dans le domaine des puces, la collaboration et la coopération sont les seules façons d'avancer. « Pourquoi ne pas créer un Airbus du numérique ou un Airbus dans le secteur des puces » a-t-elle demandé. Elle ajoute que « l'ampleur du succès se mesurera si vous faites tomber les frontières et travaillez en partenariat ». Pour mémoire, Airbus est une filiale d'EADS, rassemblant des sociétés civiles et militaires européennes spécialisées dans l'aéronautique pour concurrencer Boeing. Aujourd'hui, Airbus fabrique la moitié des avions de ligne dans le monde.

La Commission européenne envisage de lancer un plan industriel pour l'électronique dans le but d'augmenter l'attractivité de l'Europe pour des investissements dans la conception et la production. « Cela ne signifie pas qu'il faut adopter la même structure que Airbus, mais le fait est qu'Airbus ne s'est pas créé par magie. Il a fallu une coordination entre les États et l'Union européenne et nous pensons que quelque chose de similaire peut être élaboré pour les puces », a déclaré le porte-parole de l'agenda numérique Ryan Heath.

Un voeu pieu ?


Cependant, on peut s'interroger sur l'aspect tardif d'un tel plan. Les statistiques mondiales du marché des semi-conducteurs montrent que la fabrication des puces européennes est en déclin depuis plusieurs années. En avril, leurs ventes ont enregistré une baisse annuelle de plus de 14%, selon l'ESIA (European Semiconductor Industry Association). Une petite éclaircie de +0,2% a eu lieu en octobre par rapport au résultat de septembre pour atteindre 2,79 milliards d'euros. Selon le cabinet IC Insight, STMicroelectronics est la seule société européenne à se classer dans les 10 premiers acteurs mondiaux de cette industrie dominée par Intel.

Neelie Kroes pousse donc les États membres à s'unir et rappelle que « l'autosatisfaction est un danger. L'économie numérique croit 7 fois plus vite que le reste de l'économie et nous avons besoin de prendre des risques ». Elle conclut comme un mea culpa « il y a trop de blocage au sujet de ces risques à Bruxelles ».