Du côté des fournisseurs informatiques, réelles ou opportunistes, les annonces green IT sont pléthore. Mais du côté des entreprises utilisatrices, au moins en France, elles restent rares. La Société Générale vient pourtant d'officialiser et de détailler un programme green IT destiné à l'ensemble de son groupe. Pris individuellement, les projets en cours ou à venir ne sont pas forcément tous originaux. Mais l'ensemble fait partie d'une stratégie globale menée conjointement par la direction du développement durable et la DSI. En 2007, la Société Générale a décidé qu'elle atteindrait la neutralité carbone en 2012, en utilisant la compensation carbone mais aussi en réduisant son empreinte. Elle a déjà diminué ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 4,5% pour atteindre 294 000 tonnes aujourd'hui. « Pour y arriver, nous mettons en place des plans de réduction des émissions de GES ainsi que des actions par pôle d'activité, explique Emmanuel Martinez, directeur environnement groupe, mais aussi des initiatives transversales qui couvrent l'ensemble du groupe. » Parmi celles-ci, l'informatique, au coeur du métier de tous les groupes financiers, s'est imposée comme une évidence. Sur les quelque 600 GWh (600 millions de kWh) que consomme la Société Générale chaque année, près de la moitié provient de l'informatique. Et elle est à l'origine de près d'un quart des émissions de CO2. Arrêter de séparer l'environnemental de l'économique Dans le courant de l'été 2008, l'entreprise a demandé à Accenture de conduire une étude en utilisant son « green maturity model », une analyse détaillée de l'informatique à l'aune du développement durable. Cet audit s'organise autour des cinq thématiques que sont les habitudes des utilisateurs, l'équipement des bureaux, l'infrastructure (bureaux et datacenters), les achats et la citoyenneté de l'entreprise. A la fin de l'été dernier, le cabinet de conseil a livré trois types de recommandations : l'optimisation des datacenters, la réduction de l'impact de la bureautique et la collaboration à distance. Objectif : s'attaquer à la consommation et aux émissions de GES de l'IT, mais aussi générer des gains financiers, notamment sur la facture d'électricité du groupe et les frais de transport. Sur la justification économique des projets green IT, Emmanuel Martinez est d'ailleurs très clair : « Parce qu'ils ont une approche morale de l'environnement, beaucoup de gens s'interdisent de parler de l'économie. Mais il faut penser les deux. On ne peut faire que des projets rentables. Mais cela peut aussi vouloir dire des projets plus coûteux, avec de bons ROI. Et de toutes façons, nous allons non seulement devoir payer la consommation électrique, mais aussi les émissions de CO2, donc il faut s'engager dans ces démarches, même si cela coûte. » Un comité de pilotage au plus haut niveau