Dans une interview accordée à nos confrères de La Tribune et de BFM, le ministre du Budget et des Comptes publics Eric Woerth est revenu sur le coût de deux des grands projets informatiques de son ministère, à savoir Copernic et Chorus. Il a émis aujourd'hui un communiqué pour corriger une mauvaise impression de dérive financière. Copernic est le nouveau système d'information fiscal, c'est-à-dire un grand ensemble de logiciels spécifiques visant à traiter les recettes de l'Etat et possédant quelques fonctions connexes nécessaires au fonctionnement administratif. Copernic, par sa nature modulaire, est l'objet de livraisons régulières, comme par exemple la télé-déclaration des revenus. Chorus, pour sa part, est destiné à succéder à Accord Palier 2006 (et à une série de logiciels connexes) comme progiciel de gestion intégré unique de toutes les administrations d'Etat pour gérer les dépenses publiques. Chorus est basé sur SAP. Son déploiement était prévu dans les prochains mois. Le coût annoncé de ces deux projets était d'environ 900 M€ pour Copernic et entre 419 et 566 M€ pour Chorus. Or un rapport de la Cour des Comptes discuté à l'Assemblée Nationale en présence d'Eric Woerth mentionnait un coût de 1,8 Md€ pour Copernic et une certaine dérive pour Chorus. Ne pas confondre coût de développement et coût complet Eric Woerth a donc voulu remettre les pendules à l'heure. Selon lui, nos confrères ont confondu le coût de développement et le coût complet. Sur dix ans, le ministre confirme que le coût global de Copernic sera bien de 1,8 Md€ mais le coût d'acquisition reste de 911,5 M€. La différence inclut notamment la mise à disposition d'agents publics pour faire fonctionner Copernic. Pour Chorus, la Cour des Comptes a estimé le coût actuel d'acquisition à 552 M€, ce qui reste dans la fourchette initiale de 419 à 566 M€. Mais il reste 100 M€ par an de frais de fonctionnement à ajouter. Sur cinq ans, le coût global de Chorus sera donc d'environ 1,1 Md€. Par contre, le ministre a reconnu que le projet Chorus connaissait une dérive de délais. [Mise à jour] De source proche du dossier, il est admis que le ministre était parfaitement fondé à distinguer les coûts directs et les coûts complets. Mais, d'une part, l'estimation de ces coûts complets n'avait jamais été présentée à l'Assemblée Nationale et n'est de toutes façons pas définitive. Les principales interrogations concernent Chorus. Le projet n'est en effet pas terminé et, au delà de la fin du déploiement, il y aura la maintenance alors même que SAP a modifié récemment ses conditions. A l'inverse, la mutualisation de l'exploitation entre les différents ministères sera une source attendue d'économies par rapport à la situation actuelle, ce qui viendra amoindrir la facture finale. Le coût total final du projet ne pourra pas être estimée sérieusement avant un ou deux ans. Et il ne faut pas oublier le coût du projet Accord qui dépasse les 300 millions d'euros, « ce qui commence à faire beaucoup pour la seule fonction informatique »...