Si le logiciel libre gagne du terrain, c'est, selon le Gartner Group, au prix d'une prise de contrôle par les grands fournisseurs. Selon le cabinet, d'ici 2012, la moitié au moins du CA généré par les logiciels open source et les services associés proviendra de projets "sponsorisés" par un seul fournisseur. Le Gartner, qui ne s'aventure pas à citer de noms, explique ce phénomène par le développement d'une offre open source qui propose des logiciels à un stade précoce, sans soutien d'une réelle communauté, dont les quelques membres actifs sont, en fait, tous salariés d'une seule et même entreprise. Le cabinet souligne un des aspects du phénomène Open Source. Désormais incontournable, il est aussi devenu protéiforme. Sans pour autant renier sa définition originelle (un code source disponible et gratuit), l'ensemble de l'industrie l'a accommodé sous différentes formes au point que l'on peut se demander si l'esprit de départ ne s'est néanmoins pas perdu en route. OpenOffice, par exemple, doit son existence à l'effort d'entreprises telles que Sun et IBM pour empêcher Microsoft de verrouiller définitivement le marché bureautique. De même, Firefox a pour principal bailleur de fonds Google qui, là aussi, cherche un moyen de contrer Internet Explorer. L'Open Source doit aussi son succès à des entreprises qui se sont construites sur du code ouvert. Red Hat et MySQL sont les deux meilleurs exemples de ces sociétés qui ont prospéré en jonglant entre gratuité et profits. Le premier, qui se pose en leader de Linux, est connu pour lancer des projets libres corollaires à son système d'exploitation. L'hyperviseur Xen étant par trop sous la coupe de Citrix, Red Hat n'a, ainsi, pas hésité à "s'approprier" le projet KVM. Quant à la société MySQL, qui s'était bâtie en solution de rechange face à Oracle, elle vient d'être absorbée par celle-ci à la faveur de son rachat de Sun. Et si Postgres reste le seul SGBD "libre" d'envergure, c'est bien grâce au soutien, y compris financier, d'IBM...