« Notre petite société n'a de raison d'être que par l'innovation. N'importe qui peut nous copier. Innover une fois, c'est facile, mais ensuite ? Comment structurer l'innovation ? » Ces réflexions sont résumées par Marc Alcantara, directeur stratégie et développement chez Préceptel, entreprise innovante en télécoms de Sophia-Antipolis née en 2003. Cette « gazelle » azuréenne possède le statut de Jeune Entreprise Innovante, une labellisation FCPI (Fonds Commun de Placement de l'Innovation, permettant de bénéficier de la qualification d'entreprise innovante, et de réductions fiscales) ainsi qu'un soutien financier auprès de l'Anvar et du Conseil Général des Alpes Maritimes. Pour se développer, ses dirigeants vont également frapper à la porte du laboratoire I3S (Informatique Signaux et Systèmes de Sophia Antipolis) pour leur proposer un partenariat. Par pur hasard, le laboratoire se situe à quelques encablures de leurs bureaux. Surtout, I3S est l'unique laboratoire de l'Université de Nice - Sophia Antipolis dans les domaines de l'informatique, du traitement des signaux et de la théorie des systèmes, qui constituent ensemble la composante numérique des Sciences et Techniques de l'Information et de la Communication (STIC). Cette unité mixte de recherche associée au CNRS regroupe, au 1er octobre 2006, 135 permanents dont 18 chercheurs et directeurs de recherches du CNRS, 10 de l'Inria et 80 enseignants chercheurs de ces disciplines dans toutes les UFR concernées de l'Université : Faculté des Sciences, École Polytechnique Universitaire, IUT. Un partenariat « gagnant-gagnant » Le professeur Michel Riveill dirige l'équipe Rainbow au sein de ce laboratoire. Il répond immédiatement par la positive à la demande de Préceptel qui fournit, à l'été 2006, des cartes UMTS et SIM au laboratoire. En échange, un doctorant de l'université a obtenu une bourse Cifre (dont le but est de renforcer les capacités technologiques d'une entreprise en faisant réaliser un programme de R&D par un jeune chercheur en liaison avec une équipe de recherche extérieure à l'entreprise ; cette convention est financée par le ministère de la Recherche) et travaille régulièrement chez Préceptel sur le projet Génécom. Autre accord : des modules de conseil vont être donnés à l'entreprise. Marc Alcantara précise aussi que des « proof of concept » (ou preuve du concept, étape classique en matière de projets de R&D, consistant à faire travailler pendant quelques jours une équipe de spécialistes, en l'occurrence ceux d'I3S, sur une problématique soumise par Préceptel) font partie du protocole d'accord. Les deux parties, enfin, collaborent avec d'autres partenaires à l'Ubiquarium Informatique de Polytech'Nice-Sophia (du latin ubique : « lieu ou structure dans laquelle l'informatique est en toute chose ou tout être »). Elles sont donc parties prenantes au projet de plateforme d'étude et de prototypage des usages de l'Informatique Mobile en Environnement Simulé, co-financé par différentes collectivités. Désormais, des projets communs entre la recherche publique et l'industrie azuréennes En 6 mois, la collaboration a porté ses fruits. A tel point que les deux partenaires répondent en ce moment ensemble à un appel d'offres dans le domaine des télécoms, avec de nombreux composants. Est-ce une victoire des pouvoirs publics et une première application du rapport Hetzel qui préconise le rapprochement entre universités et entreprises ? Pas vraiment. Le professeur Riveill précise en effet qu'il travaille depuis plus de 20 ans avec des entreprises de tailles différentes, participe à un réseau d'universités françaises et étrangères, sans exclusive. « Il faut arrêter le mythe des universitaires qui ne collaborent pas avec les entreprises, il y a de la place pour tous les types de recherche. Dans le rapport quotidien avec nos partenaires, chaque partie apporte à l'autre pour progresser, et chacun reste à sa place ». En d'autres termes, à I3S la recherche et à Préceptel le développement pour une collaboration en R&D protéiforme. Visiblement la synergie fonctionne, les moyens intellectuels conditionnant l'apport de moyens financiers. Qui a dit que les gazelles et la recherche publique française manquaient de souffle ?