« Les logiciels utilisés pour l'astronomie ont des applications dans la médecine », a par exemple cité Catherine Cesarsky en soulignant que le CEA travaillait depuis 30 ans sur l'imagerie cérébrale. « Il faut repousser à l'extrême les limites de l'imagerie, augmenter le champ magnétique de l'imageur... ». D'où l'intérêt dans ces domaines d'échanger des techniques avec des grands laboratoires de recherche comme le Ganil en Basse-Normandie, ou le Cern en Suisse, qui disposent d'accélérateurs de particules, en particulier à Genève, le LHC (Large Hadron Collider). Les participants à la table ronde de clôture du Seri ont également évoqué la façon dont la société est impliquée dans ces grandes infrastructures de recherche « où l'on trouve une variété d'instruments tous plus futuristes les uns que les autres », a rappelé Jean Audouze. Pour Robert Aymar, qui dirigea le projet ITER, réacteur thermonucléaire expérimental international, « les implications des grandes infrastructures de recherche dépassent la science car elles deviennent politiques. Nos gouvernements ont décrété que l'économie européenne serait basée sur la connaissance. Cela réjouit les scientifiques qui peuvent suivre des stratégies répondant aux besoins de la société, avec par exemple de nouvelles sources d'énergie de type ITER. » Ces scientifiques ont une responsabilité vis-à-vis de leurs égaux, estime l'ancien directeur du Cern. « Il faut que la société et ses jugements deviennent plus scientifiques. Il faut expliciter pourquoi des grandes infrastructures sont nécessaires à la science ». Il rappelle que les retombées de ces recherches ont pour objectif d'améliorer la compétitivité des économies. Robert Aymar juge aussi que ces infrastructures ont un rôle dans la cohésion européenne : « Les pays qui rejoignent l'Union européenne ont toujours fait un séjour au Cern pour comprendre les enjeux. Ces grandes infrastructures sont aussi un lien avec la connaissance mondiale. » Des choix politiques pour préparer l'avenir De son côté, Dany Vandromme, directeur du réseau Renater, tient à remettre en mémoire que la mise en place et les programmes menés dans ces infrastructures se déroulent sur des échelles temps très longues. Pour ITER, il renvoie d'ici quinze à vingt ans. Pour le système énergétique basé sur la fusion nucléaire, il s'agit plutôt d'une petite centaine d'années. « Il y a néanmoins des choix politiques à faire aujourd'hui pour préparer l'avenir », reconnaît-il. Ce que confirme Robert Aymar : « Pour un accélérateur comme le LHC, le délai est très long entre les discussions, la décision d'engager les dépenses et l'exploitation elle-même. C'est pourquoi ces grands investissements posent un problème fondamental : comment limiter le risque pour que ce soit un succès. »