Très prisés par les internautes, les réseaux sociaux numériques ne sont pas encore considérés par les entreprises comme des outils stratégiques ayant un impact sur leur organisation. C'est ce que fait apparaître la première édition d'un baromètre réalisé par Novamétrie et Digital Jobs sur les stratégies RH et les réseaux sociaux. Celui-ci combine une phase qualitative menée auprès de 27 directeurs des ressources humaines de grandes et moyennes entreprises (Areva, Cegid, Bouygues Telecom, SFR, Axa, IBM, TF1, Sephora, Groupama, PSA...) et une phase quantitative conduite auprès de 260 collaborateurs du 11 août au 14 septembre. Il apparaît d'emblée que les utilisateurs ont une perception plutôt technique et pragmatique des réseaux sociaux. Ils les voient comme un carnet d'adresses interactif, pour dynamiser leur réseau et débouchant sur des opportunités de carrières et de progression sociale. Mais ils ne sont que 12% à estimer que leur entreprise a mis sur pied un programme mature sur ce terrain et 13% seulement à constater une mise en oeuvre dans ce sens. A l'inverse, 45% affirment que leur entreprise n'a pas mené de réflexion dans ce domaine. En matière de recherche d'emploi, si 82% des collaborateurs sondés pour le baromètre considèrent que les réseaux sociaux externes sont un moyen efficace de trouver un poste, seuls 5% disent avoir déniché de cette façon celui qu'ils occupent actuellement. Quant aux DRH, ils ne sont que 2% à admettre utiliser les réseaux sociaux pour recruter. Selon Novamétrie/Digital Jobs, ils seront 10% à le faire en 2011. Des DRH plus enclins à développer des réseaux sociaux internes Pour les DRH, les réseaux sociaux sont d'abord (dans 80% des cas) un vecteur d'image et de communication pour l'entreprise. Un tiers d'entre eux n'ont de réflexion stratégique sur l'attitude à avoir vis-à-vis des réseaux sociaux externes, de type Viadeo ou LinkedIn. La moitié dit avoir tenu quelques réunions sur le sujet, en particulier pour répondre aux problématiques de la diversité en matière de recrutement. Seul un cinquième des DRH ont ébauché une stratégie, là encore, en liaison avec le recrutement. En revanche, ils semblent plus enclins à développer des projets sur les réseaux sociaux en interne, autour de l'intranet d'entreprise, par exemple, des blogs métiers ou des 'séminaires virtuels'. Il y a en réalité deux typologies d'entreprise, relève Christophe Excoffier, de Novamétrie : « Le modèle d'entreprise est déterminant pour la mise en place de ces outils ». Il distingue celles qui ont acquis une culture 'numérique'. « Celles-ci sont plus ouvertes et fonctionnent en mode projet, tandis que les autres sont plus classiques dans leur organisation, avec un système de décision pyramidale ». L'un des critères déterminant pour la mise en place des réseaux sociaux, c'est la façon dont s'organise la circulation de l'information dans l'entreprise. Les collaborateurs pointent les usages controversés des réseaux sociaux Les DRH sont par ailleurs plutôt bien avertis de la présence sur les réseaux sociaux de leurs collaborateurs. Ces derniers sont à 92% présents sur les réseaux externes et les 2/3 utilisent des réseaux internes. Seuls 20% des DRH disent ne pas savoir si les employés fréquentent des réseaux sociaux ou affirment ne pas s'y intéresser. Mais les collaborateurs témoignent aussi des usages controversés des réseaux sociaux externes en entreprise, qui va de la dégradation de l'image à la divulgation d'informations stratégiques. Questions délicates auxquelles s'ajoute la nouvelle porosité des frontières entre vie professionnelle et vie personnelle. Les collaborateurs sont donc favorables à un code de bonne conduite. Ils sont 86% à juger qu'il n'existe pas de charte d'utilisation des réseaux sociaux dans leur entreprise. « Il y a une sorte d'urgence dans ce domaine », constate Christophe Excoffier, de Novamétrie, en rappelant que les collaborateurs ont une vraie expertise des réseaux sociaux. « Ce sont eux les experts de ces outils ».