Avec la levée de fonds de 1 milliard de dollars réalisée en obligations la semaine dernière par Spotify, spécialiste suédois de la musique en streaming, le 1er trimestre 2016 enregistre une augmentation de 31%, à 4,4 milliards d’euros (5,01 Md$) sur le total des 769 levées qui ont été réalisées par les start-ups européennes et israéliennes additionnées, par rapport au dernier trimestre 2015. D’une année sur l’autre, l’augmentation du total des levées s’élève à 46%, par rapport au 1er trimestre 2015. Le site Tech.eu, qui communique ces chiffres, souligne que c’est en France qu’a été réalisé le plus grand nombre de levées, 134, sur les 3 premiers mois de l’année, soit plus de deux fois plus qu’au dernier trimestre et quatre fois plus par rapport au premier trimestre 2015.

Toutefois, sans l’opération marquante réalisée par Spotify avant son entrée en bourse - effectuée en obligations convertibles en actions - le montant des levées du 1er trimestre est sensiblement le même qu’au 4ème trimestre 2015, alors même qu’il y a eu 183 opérations de plus. Par ailleurs, il apparaît aussi que, compte non-tenu de Spotify, le montant moyen des levées a baissé par rapport à l’an dernier, s’élevant à 4,6 millions d’euros contre 5,8 millions d’euros au 4ème trimestre et 6,6 millions d’euros au 1er trimestre 2015. Parallèlement, ces derniers temps, les spécialistes des marchés financiers se sont inquiétés des valorisations élevées auxquelles parvenaient certaines start-ups financées par les investisseurs privés avant leur introduction en bourse. La semaine dernière, Mary Jo White, président de la Security and Exchange Commission, régulateur des marchés financiers aux Etats-Unis, a mis en garde contre les risques des valorisations excessives, en particulier du côté des licornes, ces start-ups non cotées valorisées au-delà du milliard de dollars.

Augmentation des levées de moins de 10 M€ au 1er trimestre

Sur le vieux continent, les chiffres de Tech.eu pour le 1er trimestre 2016 présentent aussi la répartition des levées par montant. Celle-ci montre qu’il y a eu sur ces 3 premiers mois 534 levées de moins de 10 M€ (contre 379 fin 2015), ce qui révèle pour l’Europe l’importance des opérations de financement en « early-stages », c’est-à-dire aux stades de l’amorçage et de la création des start-ups. Pour les autres catégories de financement, concernant des levées supérieures à 10 millions d’euros, réalisées en petit nombre, les opérations enregistrées ne montrent pas de changements notables, si ce n’est dans les levées situées entre 20 et 100 M€ où l’on constate une légère augmentation.

En 2015, le total des levées en France a frôlé le milliard de dollars

Un retour sur 2015 braqué sur la France, publié début mars par Tech.eu, montre qu’il s’est levé l’an dernier 960 millions d’euros dans l’Hexagone, avec 115 opérations, contre 862 millions d’euros en 2014, soit une augmentation de 11,3%. Cela place l’écosystème technologique français dans le club du  milliard d’euros, aux côtés du Royaume-Uni, de l’Allemagne et d’Israël, grâce aux tours de table réalisés par des entreprises comme la plateforme de covoiturage BlaBlaCar ou Sigfox (dans l'Internet des objets) et l’activité accrue d’investisseurs comme Bpifrance, Alven Capital ou Idinvest Partners, souligne Tech.eu. En nombre de sociétés financés, les acteurs du SaaS (software as a service) ont été les plus nombreux, suivis des start-ups d'e-commerce et des fournisseurs de matériel, tandis qu’en termes de montants investis, les plus gros tickets sont revenus à des entreprises du secteur transport/logistique, devant les télécoms/infrastructure et le matériel.

Outre BlaBlaCar et Sigfox, la 3ème plus grosse levée a été faite par Scality, spécialiste du stockage distribué en mode objet. La France est le seul pays en Europe où une start-up du secteur matériel arrive dans le Top 3 des levées, souligne Tech.eu. Parmi les investisseurs étrangers en France, les Etats-Unis arrivent toujours en premier, suivis du Royaume-Uni et de la Suisse. Enfin, sur le terrain des fusions/acquisitions et entrées en bourse, il s’est effectué en France en 2015 près de 40 opérations qui ont généré 900 millions d’euros. Parmi les plus importantes figurent l’introduction en bourse de Showroomprivé pour 660 M€ et l’acquisition de Dailymotion par Vivendi pour 217 M€.