Si le Web 2.0 est déjà aujourd'hui un concept réchauffé, une de ses composantes, le réseau social, a connu en 2007 une progression fulgurante. Cet été, une étude ComScore donnait une croissance de 72% pour le leader MySpace, et de 270% pour Facebook, son challenger. Et de tous les réseaux sociaux, on peut dire que c'est Facebook qui cristallise le phénomène, et expose ce qu'il peut y avoir d'excessif dans cette nouvelle tendance. Certes, Facebook peut être vu comme une plate-forme sur laquelle développer et exposer ses talents de développeurs. A en croire MySpace, qui a suivi un peu plus tard l'exemple de Facebook, c'est une des clés du succès. Facebook va d'ailleurs jusqu'à encourager financièrement les développeurs potentiels. Tandis qu'Alfresco, éditeur d'une plateforme de gestion de contenu, réfléchit à une utilisation professionnelle du réseau social, grâce à ces applications externes. Si on excepte cette utilisation professionnelle, le réseau social est emblématique du Web 2.0 : un service gratuit aux utilisateurs individuels, qui produisent eux-mêmes le contenu, et une monétisation encore relativement floue. Qui n'empêche pas l'argent d'affluer. Si on échappe à une entrée probablement fracassante en Bourse, on n'échappe pas, en revanche, après une prise de participation de Microsoft dans Facebook, à une valorisation totalement incroyable : 15 milliards de dollars. La stratégie de monétisation de Facebook illustre aussi, d'une part, la volonté d'exploitation des données personnelles à des fins mercantiles de ce type de site, et d'autre part, la grande naïveté des utilisateurs de ces sites, qui dans la grande majorité des cas confient leur vie privée à des services gratuits - mais à but lucratif - sans lire les conditions d'utilisation. C'est d'abord la méthode dite de publicité comportementale qui fait grincer des dents. MoveOn.org lance alors une pétition pour demander à Facebook davantage de respect de la vie privée. Puis le mécontentement se cristallise autour de Beacon, programme qui relie les profils des utilisateurs sur Facebook à leurs actions sur des sites affiliés. Facebook commence par expliquer que tout cela est parfaitement transparent, avant de dire que Beacon sera soumis à un strict principe d'opt-in. Un chercheur en sécurité indique alors que Beacon récupère des données, quel que soit l'avis de l'utilisateur. Facebook finit par présenter ses excuses : le réseau social n'a pas trouvé l'équilibre, entre respect de la vie privée et monétisation de ces données. Certains utilisateurs, en tout cas, ont compris la leçon : ils exploitent eux-mêmes leur profil sur le réseau social pour vendre de la publicité. Consolation, peut-être, ce ne sont pas les Français mais les Britanniques, les champions des réseaux sociaux. A tel point qu'Outre-Manche, on s'interroge sérieusement sur une interdiction de ces sites pour les employés des grandes entreprises. En France, les réseaux sociaux semblent concerner davantage les adolescents : d'après ComScore, Skyblog reste de loin le numéro un.