Le partenariat annoncé hier par IBM et Twitter va permettre de fusionner des flux massifs de données provenant du réseau social avec le logiciel d'analyse de big blue, y compris avec le supercalculateur Watson. Le partenariat comporte trois volets principaux : en premier lieu, IBM utilisera les flux de données de Twitter pour ses services cloud Watson Analytics, Watson Developer Cloud et sa plateforme PaaS Bluemix. Par ailleurs, Twitter et IBM prévoient également de développer en commun des applications d'entreprises destinées à améliorer la prise de décision, une première app combinera les données de Twitter avec le logiciel ExperienceOne d'IBM. Enfin, la branche-conseil de la firme d'Armonk travaillera avec Twitter sur des produits spécifiques pour les secteurs de la vente au détail, de la banque et des voyages. « J'utilise Twitter comme une sorte de radar de marché intelligent », a déclaré Alistair Rennie, directrice générale BI d'IBM, dans un blog annonçant l'accord. « Je suis des gens très intelligents pour voir ce qu'ils lisent et ce qu'ils pensent. À partir de maintenant et pour la première fois, les chefs d'entreprise vont pouvoir puiser dans le flux Twitter avec de puissants outils pour récolter des idées et mieux comprendre le sentiment du client, développer des produits et des services mieux ciblés, et anticiper les brusques changements des opinions et des marchés ». Alistair Rennie exagère un peu en disant que ces données d'analyses seront offertes pour la « première fois ». En effet, de nombreux fournisseurs ont déjà intégré leurs services avec « le tuyau » de tweets de Twitter. Reste que, quelques mois après son l'important partenariat déjà conclut avec Apple, cette annonce montre qu'IBM veut aligner ses technologies avec celles d'entreprises plus orientées vers le consommateur final.

Affiner les techniques de surveillance des utilisateurs de Twitter

À l'inverse, ce partenariat marque une implication plus directe de Twitter dans l'IT d'entreprise. L'accord IBM « a demandé des années de préparation », depuis que Twitter a permis à des tiers d'analyser ses tweets, comme l'a indiqué le réseau social dans un blog. La plate-forme de micro-blogging a également rappelé que le rachat, en avril dernier, du fournisseur Gnip, qui a construit une offre de service autour du filtrage des données sociales provenant de Twitter et d'autres sources, était « une étape importante ». Dans le même billet de blog, Twitter explique que « Gnip a apporté une plate-forme de classe entreprise servant plus de 15 milliards d'activités sociales par jour à un écosystème de clients et de partenaires dynamiques qui utilisent ces données de façon innovante ». Ajoutant : « C'est grâce à cette solide plate-forme de données que notre partenariat avec IBM est possible ».

Les entreprises ont longtemps utilisé les données de Twitter pour surveiller les avis et les commentaires des clients sur leurs produits et services. Mais, la connexion à la technologie d'IBM va permettre des scénarios beaucoup plus sophistiqués. Par exemple lancer des requêtes à « multivariables », poser des questions plus ciblées du genre « Quelle est la chose que les clients apprécient le plus au sujet de mes produits ? » ou « Qu'est-ce qui explique ce développement rapide de l'entreprise au Brésil ? », a encore déclaré Twitter. Précisons toutefois que ce partenariat intervient quelques mois après l'accord sur les brevets passé entre Twitter et IBM. Pour éviter une plainte en contrefaçon, Twitter a été obligé d'acquérir un sacrée paquet de brevets IBM (900 en tout) couvrant une large gamme de logiciels et d'outils. Avant son introduction en bourse, Facebook avait également acheté des brevets d'IBM, tout comme l'avait fait Google avant eux.