Le rachat de Sun n'aura finalement pas été très longtemps le seul investissement dans le matériel informatique d'Oracle. Celui-ci pourra-t-il longtemps encore être qualifié d'éditeur de logiciels ? Larry Ellison, CEO d'Oracle, vient en effet d'annoncer le lancement du premier téléphone intelligent par son entreprise lors d'une web-conférence de presse mondiale. Après Microsoft, Apple et Google, Oracle se lance donc à son tour dans la bataille dont les acteurs traditionnels -comme Nokia et Motorola- sont de plus en plus exclus. Le nom du fabriquant du matériel n'a pas été révélé bien que HTC et Samsung se soient déclarés intéressés.

« Notre produit sera bientôt en tête des listes » s'est réjoui par avance Larry Ellison, toujours très optimiste et enthousiaste. Il est vrai que le nom même du produit l'amène naturellement en début des listes alphabétiques puisqu'il s'appellera a-Phone, par abréviation de « Advanced Phone ». Les noms d'e-Phone (Enhaced Phone) et d'O'Phone (Oracle Phone), qui avaient circulé, ont été écartés, pour l'un parce que jugé trop ringard et pour l'autre à cause d'un problème de propriété intellectuelle avec une petite compagnie téléphonique provinciale irlandaise.

Après le NetPC, l'OraclePhone

Larry Ellison place dans son produit beaucoup de concepts issus de son rêve de NetPC : « le a-Phone permettra d'emmener son bureau et son domicile partout où l'on sera, avec toutes les applications nécessaires, relié par une liaison 4G nativement cryptée avec des applications placées dans le Cloud ». Une version allégée d'OpenOffice, racheté avec Sun, sera ainsi proposée avec la possibilité de gérer les mises à jour croisées avec un espace collaboratif hébergé chez l'opérateur téléphonique. Oracle proposera bien entendu également la solution de collaboratif hébergé aux opérateurs, Oracle Collaboration Center (OCC).

En réponse à une question, Larry Ellison n'a pas exclu qu'Oracle propose lui-même ce service même si ce n'est pas dans la stratégie actuelle. Des grandes entreprises pourront également le proposer à partir d'une installation interne de type « cloud privé ». Clairement, cette vision collaborative est au coeur du business modèle de l'a-Phone. La vente des produits nécessaires (avec la maintenance) semble être bien plus profitable que la vente de terminaux dont les prix devront être cassés pour s'imposer sur le marché. Rançon de l'accroissement des fonctionnalités de ces terminaux mobiles qu'il devient difficile de qualifier de « téléphones », il reste à savoir si l'on pourra téléphoner en étant avec un a-Phone.