L'université Bordeaux Montaigne annonce l’ouverture en novembre prochain d’un diplôme universitaire* en criminalité informatique sous l’angle des sciences sociales et du facteur humain. Accessible par la voie de la formation continue, ce programme s’adresse à des informaticiens comme des RSSI, ou des analystes, mais aussi à des profils non techniques comme des psychologues, des avocats ou des personnels des collectivités territoriales. Il nécessite une expérience professionnelle de trois ans ou à défaut, l'obtention du certificat de remise à niveau proposé par l'e-faculté de psychologie et de psychanalyse (EFPP) en criminalité. Son but ? Aller au-delà des cursus en cybersécurité qui visent principalement des ingénieurs. « En partenariat avec la Gendarmerie Nationale, le projet a initialement été conçu pour accompagner le personnel du renseignement criminel dans l’amélioration de leurs pratiques professionnelles en sécurité informatique», nous raconte Marlène Dulaurans, maître de conférence en Sciences de l'information et de la communication à l'Université Bordeaux Montaigne, et responsable du contenu pédagogique.

Pour cela, un binôme a été réalisé avec Jean-Christophe Fedherbe, enquêteur spécialisé en nouvelles technologies au sein de la Section opérationnelle de lutte contre les cybermenaces au Groupement de gendarmerie de la Gironde. La formation a été adaptée à toutes les personnes confrontées à des stratégies d’influence et de manipulation enclenchées par les cybercriminels. « Nous nous sommes concentrés sur l’angle du facteur social et humain, bien souvent à l'origine de la plus grande partie du succès des cyberattaques», détaille l’enseignante. L’objectif étant de former aux différents types de cyber-risques auxquels sont confrontés entreprises, administrations, et particuliers et ainsi contrer cette forme de délinquance en constante évolution. 

Se former à raison de deux cours par semaine

Afin de répondre aux besoins des apprenants, le parcours est structuré en un module dispensé chaque mois, regroupant les participants pendant deux jours consécutifs, de novembre à juin, soit un total de 8 modules en 8 mois de formation pour un volume horaire total de 115 heures. Au menu, l’étude des sciences criminelles et du crime organisé à l’ère numérique, des différentes formes de radicalisation en ligne ainsi que des violences et du cyberharcèlement. L’anticipation des scénarios de crise et la conception d'une stratégie de communication adaptée jusqu'aux mesures d’hygiène pour se protéger en passant par les questions éthiques liées à la collecte des données font partie des thèmes abordés en fin de parcours.

La sélection se fait en deux temps : d’abord sur présentation d’un projet motivé détaillé mettant en avant l'engagement et l'expertise des candidats dans les disciplines enseignées. Ensuite, après entretien avec un jury composé d'enseignants et de professionnels du secteur.

Un cursus à visée internationale

Les places sont limitées à 25 (dont 5 réservées aux forces de l’ordre). L’équipe pédagogique est composée d’enseignants-chercheurs français et étrangers. « Le programme international associe l’université du Québec à Trois-Rivières, l’université de Lausanne et celle de Mons ainsi que les membres des forces d’Interpol, de la gendarmerie et de la police  et d'autres professionnels spécialisés dans la lutte contre la cybercriminalité », souligne Marlène Dulaurans.

Les cours seront entièrement dispensés en présentiel. Pour des raisons exceptionnelles, un mode hybride synchrone sera assuré permettant le cas échéant de suivre deux modules en distanciel sur l'année. Les candidats intéressés peuvent postuler à cette adresse. Si le coût de cette formation n’a pas été communiqué, l’université de Bordeaux invite  les postulants à contacter le secrétariat de la formation continue afin d'établir un devis.  

*Le diplôme d'université (DU) est un diplôme préparé à l’université, mais contrairement aux licences et masters, il n’est pas reconnu par le ministère de l’Enseignement Supérieur