L'arrivée de la troisième génération de processeurs AMD Epyc 7003 pour serveur, utilisant des cœurs Zen 3 et toujours gravée en 7 nm, était très attendue. L'intégration d’une microarchitecture revue (Zen 3), d'instructions dédiées à la sécurité (Infinity Guard) et de mises à jour du nœud d’interconnexion  (Infinity Fabric) - voir encadré ci-dessous - viennent renforcer le bon accueil de la série datacenter d’AMD. Baptisée Milan, cette famille de processeurs - avec toujours un maximum de 64 cœurs par socket - apporte selon le fournisseur une augmentation de 19% des performances brutes de l'IPC (Instruction per cycle) par rapport à Zen 2, en raison des améliorations apportées par la microarchitecture Zen 3. En septembre dernier, des fuites savamment orchestrées avaient déjà laissé entrevoir les bénéfices de la plateforme Milan.  

Comme la précédente génération Rome, les puces Milan proposent jusqu’à 64 cœurs avec de la mémoire DDR-3200 sur 8 canaux et 128 lignes PCIe 4. Si les cœurs Zen 3 ont été inaugurés par les processeurs Ryzen 5000 pour PC, ils sont – comme les Xeon d’Intel - dotés ici d’instructions supplémentaires réservées aux puces serveur. Les Epyc 7003 reposent toujours sur huit matrices de huit cœurs chacune, comme les Rome, mais les huit cœurs de chaque matrice sont connectés, ce qui permet d’améliorer la latence de la mémoire cache globale. Vous trouverez ci-dessous un tableau d’AMD avec toutes les caractéristiques des puces Milan, mais on peut juste indiquer que la plupart des modèles prennent en charge la connectivité à deux processeurs, et que de nouvelles options d'optimisation des canaux de mémoire sont disponibles. Tous les processeurs Milan devraient être compatibles avec les cartes mères développées pour la série Rome grâce à une mise à jour du micrologiciel.  

Les Epyc Milan se déclinent dans une large gamme pour répondre à tous les besoins : du serveur web au HPC. Cliquer sur l'image pour l'agrandir. (Crédit AMD) 

Le modèle haut de gamme Epyc 7763, avec 64 cœurs, affiche une TDP de 280 Watts avec une fréquence de base de 2,45 GHz (3,50 GHz en mode turbo). Toujours avide de comparatifs, AMD indique que ce processeur offre des performances supérieures de 106% face au Xeon Gold 6258R d’Intel (28 cœurs et gravé en 14 nm). Cette comparaison est toutefois biaisée, car Intel dévoilera à la fin du mois de mars sa prochaine génération de puces Xeon Ice Lake-SP gravées cette fois en 10 nm. Il sera alors temps de réviser ce comparatif.   

Quatre ans après le lancement de sa première série Epyc (7001 ou Naples), qui venait succéder aux dépassés Opteron, 19 mois après la commercialisation de la génération Rome (7002), AMD garde un rythme soutenu avec l’arrivée de la famille Milan (7003) et montre à ses clients OEM qu’il est redevenu capable de tenir une roadmap. Les performances de ses puces et la confiance retrouvée des principaux fournisseurs (Dell, HPE, Lenovo et Cisco en tête) ont permis à AMD de reprendre des parts à Intel sur le marché des serveurs. Chez Dell, par exemple, la dernière génération de serveurs PowerEdge proposera dans les mêmes châssis le choix entre des puces Intel Xeon ou AMD Epyc avec une tendance marquée vers la consolidation monosocket. Avec 64 cœurs sur une puce Milan, il n’est plus indispensable de retenir une machine bi-socket pour répondre à certains besoins. Dell propose bien sûr des serveurs AMD Epyc Milan bi-socket si nécessaire avec le PowerEdge C6520 (quatre serveurs biprocesseurs dans un rack 2U) par exemple. Bon point, avec ses puces Milan, AMD a aussi réglé le problème avec les SSD NVMe qui refusaient de travailler en mode hot plug. Un frein chez certains fournisseurs comme Nutanix qui ne pouvaient pas certifier les machines AMD Epyc Rome pour leur plateforme hyperconvergée.