SAP aimerait bien se débarrasser rapidement du procès engagé contre lui par Teradata le 19 juin dernier pour détournement de secrets commerciaux, violation de propriété intellectuelle et pratiques anticoncurrentielles. Il y a quelques jours, l’éditeur allemand a répliqué en adressant une requête au tribunal du District nord de Californie qui suit l’affaire. SAP demande à la cour de rejeter ce procès, en arguant que les accusations de Teradata sont « factuellement infondées », rapportent nos confrères du site The Register.

Le spécialiste du datawarehousing estimait en juin être sorti fortement lésé d'une co-entreprise créée en 2008 avec SAP. Il considère que ce dernier s’est servi de leur coopération pour lui voler des secrets commerciaux amassés pendant 40 ans dans le domaine de l’analyse et des entrepôts de données afin de lancer sa technologie concurrente HANA. L’allégation avait aussitôt fait bondir Vishal Sikka, ancien CTO de SAP, qui avait été particulièrement impliqué sur le développement de la base de données en mémoire HANA. « Quoi que ce procès ne soit pas dirigé contre moi, je dénie catégoriquement les allégations injustifiées et outrageuses faites par Teradata qui tentent de réduire le travail acharné, la passion et la réussite irréfutable et entièrement légitime de l’équipe HANA, y compris moi-même », avait-il déclaré en juin.

Une rétro-ingénierie prévue dans les accords

Dans sa requête déposée le 31 août, SAP indique que la co-entreprise Bridge Project avait été établie parce que Teradata avait une base limitée de clients et voulait s’adresser aux utilisateurs de SAP. L’éditeur allemand rappelle surtout qu’il a travaillé sur sa propre base de données pendant de nombreuses années avant ce partenariat. « Après avoir pris du retard, Teradata a choisi maintenant de poursuivre SAP », écrit l'éditeur allemand dans sa requête. Il expose par ailleurs que Teradata ne décrit pas correctement son outil intégré Hana qui représente un produit à part entière, rapporte le site juridique Law360. SAP estime que la véritable plainte de Teradata porte sur le fait que l'éditeur allemand a choisi d’offrir son ERP avec HANA plutôt que de l’intégrer avec la base de données de Teradata et ajoute que « les lois antitrust sont conçues pour prévenir les dommages à la concurrence, plutôt que les blessures faites aux concurrents ».

Concernant les accusations de vol de secrets commerciaux, SAP indique que Teradata n’a jamais désigné comme confidentielles ou propriétaires les informations qui auraient été détournées, relate Law360. Le site juridique évoque aussi l’accusation de rétro-ingénierie réalisée sur une partie du logiciel de Teradata. Selon SAP, cette possibilité de reverse engineering était permise par les accords signés entre les deux entreprises. Le dossier suit son cours, plusieurs dates étant programmées pour son examen en septembre et en octobre. L’affaire est suivie par le juge William Orrick.