Le projet Tamarin, qui voit une partie du code du Flash Player donnée à la Fondation Mozilla, est-il le prélude à une mise en Open Source complète du lecteur multimédia d'Adobe ? Non, répond ce dernier. « Il ne faut pas confondre Actionscript, le langage, avec le Flash Player, qui est une collection de technologies », prévient Jimmy Barens, directeur technique avant-vente chez Adobe France. Selon les termes de l'accord qu'Adobe, qui a récupéré Flash en procédant à l'acquisition de Macromedia (l'opération a été finalisée début décembre 2005), vient de conclure avec la Fondation Mozilla, l'éditeur verse à cette dernière le code source de sa machine virtuelle ActionScript, dite AVM2, et uniquement cela. Ce langage propre à Adobe s'appuie sur un langage standardisé, l'ECMAScript, élaboré à partir des premières moutures du Javascript définies par Netscape. La version 2 de l'AVM, sortie avec la version 9 du Flash Player, inclut un compilateur à la volée dont le rôle est de convertir le pseudocode ActionScript en code natif pour la plate-forme d'exécution. Adobe promet donc des gains de performance très importants (jusqu'à un facteur 10) pour l'exécution de code ActionScript sur l'AVM2. Lorsque cette machine virtuelle sera incluse dans Firefox, le navigateur libre et gratuit de Mozilla, le code Javascript profitera alors de ces gains de performance. L'intégration se fera au travers de SpiderMonkey, le moteur d'exécution de Javascript développé par la Fondation, dans le courant de l'année 2008, indique la FAQ du projet Tamarin. Adobe espère instaurer un cercle vertueux Il s'agit d'un premier bénéfice, tant pour les utilisateurs du navigateur que pour les développeurs, qui pourront envisager des applications plus complexes ayant recours au Javascript. Or, avec l'avènement des applications Ajax ayant massivement recours au Javascript, les idées ne manquent pas. Autre bénéfice, plutôt que de travailler sur deux implémentations parallèles de l'ECMAScript, Mozilla et Adobe vont joindre leurs forces. Adobe a promis de mettre à disposition une équipe comprenant notamment les trois créateurs du langage. De son côté, Mozilla rassemble des contributeurs de plusieurs sociétés sous le patronage de son directeur technique, Brendan Eich, le créateur de Javascript. « Nous espérons établir un cercle vertueux, explique Jimmy Barens. Que la communauté se l'approprie, et qu'en retour elle nous aide à l'améliorer. » Adobe espère en effet pouvoir réutiliser les résultats de ces améliorations dans ses propres logiciels, Flash en premier lieu, mais aussi d'autres produits (ou projets comme Apollo) qui recourent au Javascript. Quant à savoir si l'éditeur abandonnera Actionscript, « on verra comment le marché va réagir », répond Jimmy Barens. En attendant, le lecteur d'animations Flash reste entre les mains d'Adobe, au grand dam des amateurs de Linux qui déplorent le peu d'empressement d'Adobe envers leur plate-forme fétiche (la version bêta du Player vient juste de sortir). Quant aux utilisateurs d'Internet Explorer, ils devront se contenter du moteur Javascript du navigateur - à moins que Microsoft ne récupère l'AVM2, maintenant que sa licence le permet (le code sera disponible sous la même triple licence que Firefox, MPL, GPL et LGPL). « Nous les y invitons », conclut Jimmy Barens.