Début avril 2024, Renault Group a coiffé son directeur informatique de l'ingénierie Denis Molle d'une 2e casquette, en lui confiant aussi la direction informatique d'Alpine Cars, sa marque d'automobiles sportives. Et il sera bientôt rejoint par un autre directeur informatique, cette fois pour la division compétition, Alpine Racing. Denis Molle apporte à la petite équipe IT d'Alpine Cars son expertise et son accès aux ressources d'ingénierie du groupe. Outre la supervision des infrastructures de base, il va s'atteler à adapter le SI à la stratégie de croissance de la division véhicules commerciaux. Son futur homologue en fera autant côté Racing.

Relancée par l'ancien Pdg du groupe Carlos Ghosn en 2017 après 22 ans d'interruption, Alpine repose sur deux divisions. Alpine Racing pour les véhicules de F1, supercars et hypercars, et Alpine Cars, pour les véhicules commerciaux de la marque. Alpine n'avait jusque-là qu'un seul directeur informatique pour toute la filiale. « C'est à l'occasion de son départ que le groupe a décidé de cette double nomination, comme le précise Denis Molle. Car Alpine Racing et Alpine Cars sont deux activités très différentes avec des SI différents. Alpine Racing cible la conception de véhicules optimisés pour la compétition, par exemple via la collecte d'information en bord de piste ou encore via la gestion de la data des fans. Chez Alpine Cars, le SI se concentre sur la conception, la fabrication et la commercialisation de véhicules commerciaux. »

Adapter le SI pour passer de un à sept modèles sportifs

Mais cette nomination vient aussi accompagner le nouveau plan stratégique à moyen terme de la division Alpine Cars de Renault Group. Et les enjeux associés entraîneront aussi forcément des évolutions côté SI. « Pour commencer, la gamme va passer de l'unique A110 aujourd'hui, fabriquée dans l'usine de Dieppe [Seine-Maritime], à 7 modèles d'ici à 2030, précise Denis Molle. Les SI ingénierie, manufacturing et commerce vont devoir s'adapter en conséquence. »

« La gamme Alpine Cars va passer de l'unique A110 aujourd'hui, à 7 modèles d'ici à 2030, précise Denis Molle, directeur informatique de l'ingénierie de Renault Group et d'Alpine Cars. Les SI vont devoir s'adapter en conséquence. » (Photo : Renault Group)

« Le seul manufacturing est un enjeu à plusieurs niveaux », poursuit le directeur informatique. L'A110 migre en effet vers une motorisation 100% électrique, entrainant un modèle de conception totalement différent, avec des contraintes différentes affectant l'ensemble des processus. Mais qui plus est, l'ensemble des 7 modèles s'appuieront sur une toute nouvelle plate-forme automobile commune, APP [Alpine performance platform, NDLR]. » Celle-ci se plie à des longueurs et largeurs de véhicules différentes, et aussi bien à des coupés qu'à des crossovers. Outre cette adaptation à une plate-forme unique, l'usine située en pleine ville de Dieppe, qui va continuer d'assurer la production, va devoir grossir pour suivre cette multiplication du nombre de modèles et la croissance des volumes fabriqués.

Puiser dans les ressources du groupe

Les évolutions vont concerner tout le processus de conception et fabrication, puis la commercialisation. À commencer par l'ingénierie. Chez Renault Group, les ressources des bureaux d'étude sont communes à l'ensemble du groupe, et servent donc aussi à Alpine. « Nous avons essentiellement une CAO Dassault Systèmes, et beaucoup de simulation provenant de différents éditeurs verticaux, comme ESI pour le crash ou d'autres pour l'aérodynamique, l'acoustique, etc. Nous travaillons aussi sur nos propres outils pour une simulation combinée du logiciel et de la mécanique. On parle ici de simulation de systèmes complexes comme le maintien du véhicule sur la route, avec l'exploitation de données provenant de capteurs, de radars, de caméras, qui contribuent à enclencher les actions appropriées. »  

Enfin, d'un point de vue commercial, Alpine Cars veut désormais cibler d'autres territoires que la France, et il lui faudra adapter ses SI aux réseaux de partenaires locaux, ainsi qu'aux régulations. La direction informatique d'Alpine Cars, désormais dirigée par Denis Molle, pilote donc cette transformation SI derrière la nouvelle stratégie de la marque. Elle ne compte pourtant que « 5 personnes qui se partagent le support local de l'usine de Dieppe, l'ingénierie ou encore le pilotage des projets de transformation comme les nouveaux territoires commerciaux ou l'intégration de la nouvelle plate-forme de véhicule. » Elle s'appuie donc sur les ressources du groupe. La seule DSI de l'ingénierie regroupe environ 200 internes et externes, et dispose de 540 informaticiens en Inde. « Je m'occupe des fondamentaux comme l'architecture, la cybersécurité, les solutions applicatives et je vais continuer de développer les synergies entre les deux entités Alpine et avec le groupe, précise Denis Molle. Nous devons pouvoir prendre des décisions en boucle courte. Mais mon travail consiste surtout à trouver dans le groupe les ressources adaptées à la nouvelle stratégie d'Alpine Cars et aux projets de transformation. »

Denis Molle conserve la direction informatique de l'ingénierie du groupe Renault. À ce titre et à celui de directeur informatique d'Alpine, il dépend hiérarchiquement et fonctionnellement du CDIO et du CTO de Renault Groupe, ainsi que du DG d'Alpine.