A l'issue des débats entre les défenseurs de Microsoft et ceux de la Commission européennes, les observateurs ne peuvent tirer qu'une seule conclusion : plus que jamais, la décision finale est empreinte d'incertitude. Après s'être écharpés sur la partie du dossier consacrée à Media Player, les parties ont consacré la fin de la semaine à la question de l'interopérabilité. Le respect de la propriété intellectuelle a constitué la ligne de défense privilégiée de l'éditeur : selon lui, il ne saurait exister de mesure imposant un partage de son code source avec ses concurrents sans que cela n'engendre une remise en cause de la valeur portée à la notion même de propriété intellectuelle. Une notion à la base du métier d'éditeur. Pour étayer la légitimité de la condamnation prononcée en 2004 à l'encontre de Microsoft, la Commission a cité à la barre Andrew Tridgell, le créateur de Samba, le serveur de fichiers open source. Dans sa déclaration, celui-ci a démonté les arguments de Microsoft et a décrit sa vision du monde du logiciel, en particulier le rôle qu'y joue le groupe de Redmond. Andrew Tridgell a ainsi expliqué que, chaque année, les principaux éditeurs de la planète se réunissent pour étudier la façon dont leurs produits interagissent. Mais depuis six ans, Microsoft a tourné le dos à la communauté du logiciel en boycottant cette réunion annuelle, marquant alors un tournant dans l'industrie. Andrex Tridgell estime que l'interopérabilité imposée par la Commission européenne est un élément indispensable " pas pour Samba, mais pour l'ensemble de l'industrie IT (...), pour qu'elle retrouve le niveau de coopération qui existait dans les années 90". Renvoyant dans les cordes Microsoft et ses arguments, le père de Samba a, enfin, pointé du doigt ce qu'il appelle une diversion opérée par l'éditeur. Selon lui, Microsoft élude un point fondamental : les versions successives de Windows sont de moins en moins tolérantes aux systèmes de serveurs concurrents. "Windows, sur un poste client, devient de moins en moins interopérable et tolérant à la concurrence". Au terme des débats, aucune partie ne s'est aventurée dans des prédictions sur la décision de la cour. Entre une Commission indiquant que la ligne de défense de Microsoft n'a pas évolué depuis deux ans, et ce dernier se bornant à déplorer l'atteinte à la propriété intellectuelle que fait peser la condamnation de 2004, bien habile qui pourrait entrevoir le verdict. Un verdict qui ne devrait pas être rendu avant l'automne, voire le début 2007.