En février dernier, Thierry Breton, le PDG d'Atos, avait fait état d'un projet visant à se débarrasser de la messagerie interne. Ses propos avaient suscité la stupéfaction dans les médias, qui ont consacré de gros titres à cette annonce, et l'incrédulité des commentateurs. D'ici à trois ans, Thierry Breton veut mettre un terme à la messagerie interne et encourager les salariés d'Atos à utiliser des plates-formes de réseaux sociaux comme Facebook et Twitter pour communiquer entre eux, en plus des systèmes de messagerie instantanée disponibles en interne. Selon le PDG, Atos a découvert que certains salariés recevaient plus de 100 courriels par jour, et que la lecture et la réponse à ces messages prenaient jusqu'à 20 heures sur leur temps hebdomadaire de travail.

Cette semaine, dans une interview à la BBC, Thierry Breton s'est dit « surpris, voire intrigué » de l'agitation provoquée par ses propos. Le dirigeant d'Atos explique que les jeunes salariés entrants dans l'entreprise n'ont pas l'habitude d'utiliser des systèmes de messagerie interne comme Outlook. Selon lui, ils sont plus familiers de Facebook et de Twitter, ou de systèmes de messagerie externes comme Hotmail et Yahoo. Le patron d'Atos n'interdit pas l'utilisation de systèmes de messagerie externes, précisant qu'il s'en sert lui-même. Mais il estime que les systèmes de messagerie d'entreprise favorisent la surcharge d'informations et «  polluent notre environnement de travail ». Celui-ci ajoute que les systèmes de messagerie internes véhiculent des messages inutiles et gaspillent le temps de ceux qui les reçoivent et doivent en assumer la gestion.

Une démarche assez pragmatique

Au mois de février dernier, lors d'une conférence consacrée à l'innovation, le responsable avait déclaré : « Les entreprises doivent aller plus loin dans cette voie : l'e-mail, ne sera bientôt plus considéré comme la meilleure manière de travailler et d'échanger.» Atos a déclaré avoir mis en place des outils de collaboration et des plates-formes sociales communautaires pour partager et garder trace des idées exprimées sur des sujets comme l'innovation, le Lean Management, et les ventes, pour accompagner l'effort visant à réduire les échanges de données et les recherches inutiles.

L'an dernier, le fournisseur Salesforce.com avait déclaré que la plupart des e-mails envoyés au travail « n'étaient pas pertinents». L'enquête commandée par l'entreprise avait révélé que 70% des salariés recevaient des mails, directement ou en copie, sans intérêt.