Dans un mois, Chef, fournisseur d’un des outils d’automatisation d’infrastructure les plus utilisés - avec Puppet et Ansible - par les équipes DevOps et DevSecOps, sera partie intégrante de Progress Software. Le logiciel de configuration de serveurs et VM viendra compléter la plateforme de développement et de déploiement d’applications d’entreprise de Progress qui vient de l’acquérir pour 220 M$. La société basée à Bedford (Massachussets), dirigée par Yogesh Gupta, effectuera le paiement en partie avec sa trésorerie et le reste au travers des facilités de crédit dont elle dispose. « Cette transaction s’aligne parfaitement avec notre stratégie de croissance et répond aux exigences que nous avons précédemment énoncées : un modèle de revenus récurrents solide, une technologie qui complète notre activité, des clients fidèles et la capacité de tirer parti de notre modèle opérationnel et de notre infrastructure pour conduire l’activité plus efficacement », déclare Yogesh Gupta dans un communiqué où il se dit aussi convaincu que l’acquisition profitera aux deux organisations, à leurs clients, partenaires et investisseurs, ainsi qu’à la communauté de Chef.

Avec une première version lancée début 2009, l’outil Chef a été créé par Adam Jacob, co-fondateur d’Opscode. Il y a un an et demi, son éditeur a abandonné son modèle open core pour passer entièrement en open source. Parmi les arguments, Adam Jacob expliquait, dans un post sur Medium, que l’open core limitait les possibilités de faire évoluer le projet en fonction des besoins des utilisateurs. Concernant son acquisition par Progress Software, le CEO de Chef, Barry Crist, renvoie vers le billet de Yogesh Gupta qui révèle que les discussions de rachat remontent à plusieurs mois. Ce dernier y rappelle par ailleurs que les outils de développement de Progress font partie intégrante des offres de plus de 1 700 entreprises technologiques et que les produits basés sur ses logiciels sont utilisés par des millions d’utilisateurs professionnels dans plus de 100 000 entreprises. Plus de 2 millions de développeurs y ont recours à travers des logiciels comme Fiddler (outil de débogage web pour la journalisation du trafic HTTP/s) et Telerik (toolkit de développement d'interfaces utilisateur). L’arrivée de Chef va lui permettre d’étendre son périmètre sur l’automatisation des infrastructures multi-clouds, hybrides et on-premise. « Progress a un objectif agressif », annonce son CEO. Il vise à doubler la taille de la société dans 5 ans par l’acquisition d’entreprises pour compléter le catalogue et apporter de la valeur à long terme aux clients. « Chef est la prochaine étape dans ce parcours », explique le dirigeant.

Chef challengé par Ansible

Ces dernières années, Ansible, racheté par Red Hat, a fait de l’ombre à Chef et Puppet, en raison de sa facilité de prise en main et de son fonctionnement sans agent. Plus récemment, l’un des utilisateurs de Chef regrettait, dans un post sur Medium, le nouveau modèle de licence de Chef, l’utilisation du langage Ruby pour développer l’outil et le fait que les serveurs gérés par Chef Infra soient évalués en fonction de leur état pour en corriger automatiquement la configuration. « En 2020, nous ne gérons plus les serveurs suivant leur état. Ce sont des objets immuables déployés à la demande », soulignait alors l’auteur du billet, Tj Blogumas, architecte DevOps d’une grande institution financière.

Quant à Yogesh Gupta, le CEO de Progress, qui dit être développeur et technologue dans l’âme, il trouve grisant de voir arriver l’ensemble de technologies apportées par Chef et se dit impatient de pouvoir « se mettre à cuisiner ».