« Le cloud est entré dans une nouvelle ère qui va largement au-delà de l’IaaS, en incluant les technologies liées au big data et à l’intelligence artificielle, c’est devenu pour les entreprises un moyen d’améliorer et de modifier leur business model », indique Anthony Cirot le directeur de l’activité cloud chez IBM France. Cette évolution s’illustre nettement dans la diversité des annonces faites sur la conférence InterConnect de big blue qui se tient en ce moment à Las Vegas (19-23 mars). Après une salve d’annonces sur des services blockchain basées sur le projet Hyperledger Fabric, IBM a détaillé des solutions d’intégration multi-clouds et d’orchestration automatisée. Dans le cloud hybride, en premier lieu - qui constitue pour IBM comme pour ses concurrents un marché stratégique - la suite Cloud Integration rassemble un ensemble de composants permettant d’intégrer des données de tout type, quelle que soit leur provenance : clouds publics ou privés, opérés par IBM ou par d’autres fournisseurs. On retrouve dans cette suite d’intégration les solutions middleware classiques (outils de messaging, brokers pour transformer et router les messages), ainsi que l’accès à des API et à certaines fonctions de BPM.

La deuxième annonce importante, l’environnement de gestion en self-service Cloud Automation Manager, atteste de l’évolution du marché des orchestrateurs. Elle permet « d’orchestrer des workloads en temps réel dans des environnements multi-clouds », nous a décrit Anthony Cirot en rappelant que ces solutions étaient jusqu’à présent très orientées cloud privés. Elles s’ouvrent maintenant à d’autres horizons. « A partir d’une seule fenêtre, on dispose d’une vue globale pour orchestrer l’ensemble des charges multi-clouds », explique-t-il en ajoutant qu’IBM commençait à amener du cognitif jusque-là, avec l’introduction de Watson. Ce dernier fournit des indications pour optimiser l’ensemble du paysage en quelques minutes, assure IBM. Une sorte d’agent intelligent qui orienterait les choix de l’utilisateur, indiquant que tel workload devrait rester sur tel ou tel cloud public, tandis que tel autre devrait être rapatrié.

« Watson dans la poche de l’utilisateur »

Les services cloud Bluemix (la marque Bluemix englobe depuis l’automne 2016 les services IaaS et PaaS d’IBM) s’enrichissent aussi dans le domaine du SAM (software asset management). Sur InterConnect 2017, big blue a étendu la gestion de ses licences logicielles avec Cloud Product Insights, « toujours dans le souci de fournir aux entreprises une seule vue sur l’ensemble de leurs déploiements », explique Anthony Cirot. Le service s’intègre notamment à Integration Bus pour réunir et afficher des informations sur les runtimes des produits et des métriques d’utilisation. « Il permettra de vérifier s’il y a des licences en doublon et fournira des recommandations sur l’opportunité de migrer tel ou tel produit dans le cloud », indique Anthony Cirot en rappelant que 80% des offres logicielle et middleware d’IBM sont aujourd’hui disponibles dans le cloud.

Tranchant avec les outils d’intégration et d’orchestration, InterConnect 2017 a également mis en avant un assistant numérique dopé aux technologies cognitives et qui s’adresse cette fois à tous les utilisateurs. Digital Business Assistant a été conçu pour analyser des situations complexes et apprendre le mode de fonctionnement de l’utilisateur pour l’aider à faire le tri dans ses tâches au quotidien. L’outil n’est pas encore disponible. IBM propose de s’enregistrer pour pouvoir en tester la version bêta sous forme d’application web ou d’app mobile pour iOS (une version Android est prévue). Il combine l’utilisation sur smartphone avec un moteur de tâche tournant dans le cloud. « C’est Watson dans la poche de l’utilisateur », décrit Anthony Cirot. « Nous apportons les fonctions cognitives au end-user ». Il est intéressant de souligner que ce projet est développé en France au sein des équipes R&D d’IBM situés à Gentilly, où se trouvent les équipes historiques d’Ilog (le moteur de règles métiers racheté par big blue il y a 8 ans).

Un cloud pour la banque et une instance Bluemix à Francfort

InterConnect 2017 a été le cadre de bien d’autres annonces, notamment de partenariats, avec SecureKey Technologies sur un réseau d’identité numérique, avec NetApp dans le stockage, ou encore avec Red Hat pour accélérer l’adoption du cloud hybride avec OpenStack. La conférence a également abordé les marchés verticaux avec la mise à disposition d’un environnement cloud dédié aux développeurs du monde bancaire. Cloud for financial services donne accès à une série de composants permettant de se conformer aux réglementations en vigueur dans le secteur et d’appliquer les mesures de protection des données personnelles. Une autre annonce devrait fortement intéresser les établissements bancaires, particulièrement sourcilleux sur la localisation de leurs données dans le cloud. C’est l’ouverture en Europe d’une nouvelle instance de PaaS, à Francfort. Celle-ci vient s’ajouter à celle qu’IBM proposait jusque-là à Londres, mais qui va singulièrement se trouver hors du périmètre de l’UE à la suite du Brexit. « Si un client bancaire voulait utiliser le cloud Bluemix de Francfort, nous nous engageons à ce que les services managés soient administrés depuis l’Europe », a souligné Anthony Cirot.