Il y a trois ans environ, John Schwarz a quitté son poste de directeur général de la division Business Objects de SAP pour fonder Visier. Comme il le raconte dans une récente interview, quand il est parti de SAP, il a eu à une révélation. Il a senti que le moment était venu de « repenser totalement la BI ». Cette conviction l'a amené à créer Visier, un fournisseur de logiciels d'analyse dont il est le CEO.

Quand il était chez Business Objects, les enquêtes de satisfaction des clients indiquaient que le logiciel BI du fournisseur était apprécié par les utilisateurs IT, « mais quand on discutait avec les utilisateurs professionnels réels, les résultats étaient beaucoup moins satisfaisants », a-t-il dit. « Les départements IT pouvaient acheter les outils et les faire tourner, mais ensuite, quand ils arrivaient entre les mains des utilisateurs finaux, ils disaient, « c'est trop compliqué » ». Dès le départ, l'idée de Visier était de « mettre au panier toute la technologie BI et de s'intéresser à l'autre bout de la chaîne», comme l'a déclaré John Schwarz. Autrement dit, « partir de l'utilisateur et revenir aux données. Si vous savez ouvrir un navigateur, alors vous pouvez utiliser notre application », a-t-il ajouté. L'équipe de Visier a commencé par développer une interface utilisateur attrayante pour son logiciel proposé en mode SaaS, et elle a aussi cherché à accroître la productivité de l'utilisateur en se concentrant sur un seul domaine : l'analyse des effectifs.

300 visualisations prédéfinies 

Depuis le lancement ce mois-ci de la version 10 du logiciel de Visier, la plate-forme offre quelque 300 visualisations prédéfinies et des outils d'analyse qui couvrent « les paramètres essentiels et les questions que les gens se posent dans le domaine des ressources humaines », a-t-il dit. Par exemple, le système de Visier peut aider le personnel des ressources humaines à déterminer si, parmi les salariés actuels,  certains pourraient être tentés de quitter l'entreprise, en comparant leurs profils avec ceux de personnes qui ont déjà décidé de partir. Ils peuvent aussi partager leurs résultats des analyses avec d'autres et exporter leurs informations pour les inclure dans des présentations. Visier promet également aux clients une expérience beaucoup plus rapide et plus satisfaisante en terme de mise en oeuvre. Selon John Schwarz, les nouveaux clients peuvent apprendre à se servir du logiciel en quatre semaines, contre plus d'un an pour les projets de BI traditionnels sur site. « Le coût du logiciel de Visier se situe également dans « une échelle de prix » très en deçà d'un projet de BI traditionnel », a-t-il ajouté.

Plus tard cette année, Visier a prévu de sortir une application pour la planification de la main-d'oeuvre, qui permettra aux utilisateurs de modéliser, prévoir et évaluer les futurs scénarios en personnel. « La start-up envisage également de créer des applications analytiques pour d'autres secteurs d'activité, comme les ventes, le marketing et la finance », a précisé son CEO. En outre, Visier va faire appel à des éditeurs de tierces parties pour développer des outils au-dessus de sa plate-forme. « Celle-ci utilise MapReduce avec une série de technologies développées par Visier, en plus du HTML5 et du Flash en front end », a expliqué John Schwarz.

Un rachat à venir par un des géants du secteur ? 

Visier compte environ deux douzaines de clients, dont certaines grandes entreprises comme ConAgra. « Alors que Visier est accessible partout, la jeune pousse ne prévoit pas de délocaliser ses opérations de datacenter à l'extérieur de l'Amérique du Nord avant la fin de l'année », a déclaré John Schwarz.

La jeune pousse compte un concurrent spécialisé dans l'analyse d'effectifs, OrcaEyes, plus les produits de fournisseurs de plates-formes de BI comme SAP, Oracle et IBM.  « Ce serait exagéré de dire que les clients de Visier ne pourraient pas trouver les mêmes fonctionnalités ailleurs, mais la start-up dispose d'un produit très fort », a estimé l'analyste Stephan Millard, vice-président et directeur de recherche chez Ventana Research. « Ils ont mis ensemble dans un pack prêt à l'emploi toutes les fonctionnalités disponibles dans l'analyse des ressources humaines, fonctions que tout le monde aimerait posséder ». Le seul risque pour les clients potentiels de Visier, c'est que la start-up soit rachetée à un moment ou à un autre par un fournisseur plus important. Mais, l'analyste estime que le marché du logiciel de gestion des ressources humaines (HCM) « est consolidé pour un certain temps », même s'il lui paraît est raisonnable de penser que « Visier est surveillé par SAP, Oracle, Workday ».